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L’EPO intégrée dans le forfait de dialyse : une régression historique

Il semble qu’un projet d’arrêté tarifaire prévoyant d’inclure l’Erythropoïétine dans les forfaits de dialyse soit “sur les rails”.

Un projet d’arrêté tarifaire prévoit de modifier le mode de financement de l’érythropoïétine (EPO).

À compter du 1er mars 2010, l’EPO devrait être radiée de la liste des spécialités pharmaceutiques facturables en sus des tarifs finançant les séjours hospitaliers. Au lieu d’être remboursée à l’euro l’euro, cette molécule se trouverait réintégrée dans les tarifs finançant les séances de dialyse, lesquels devraient être réévalués à la hausse. Mais de combien ? C’est la grande inconnue. L’information n’est pas communiquée, ce qui ne manque pas d’inquiéter le monde de la dialyse.

Très concrétement, cela signifie que la prescription de ce médicament sera soumise aux contraintes économiques du centre de dialyse, qui devra acheter le médicament et qui se verra rembourser le même montant, quelle que soit la dose prescrite. Plus cette dose sera élevée, plus la marge du centre de dialyse diminuera. Il est donc probable que les néphrologues seront incités à “mieux contrôler” ou à restreindre les prescriptions. L’accès à ce médicament pourtant indispensable sera donc rendu plus difficile, voire impossible pour certains patients.

Quelles que soient les raisons de cette mesure et les effets qu’en attendent les pouvoirs publics, sa mise en oeuvre ira à l’encontre des intérêts des malades, de la qualité des soins et de leur qualité de vie… L’EPO, rappelons le, permet en effet de lutter contre l’anémie importante qui touche les patients dialysés et de limiter l’état de fatigue qui en est la conséquence.

Patients et médecins du secteur hospitalier privé (commercial et non lucratif) dénoncent d’une même voix cette décision, lourde de menace, à leurs yeux, pour la qualité des soins. Explications du Dr Jacques Chanliau, président du Syndicat des néphrologues d’association (secteur participant au service public hospitalier), et vice-président de la Société francophone de dialyse : « On s’attend à un retour en arrière tout à fait préjudiciable pour les insuffisants rénaux traités par dialyse. L’EPO était remboursée à l’euro l’euro depuis 2001, à la suite d’une longue lutte, ce qui avait grandement facilité l’accès à ce traitement. Aujourd’hui, 80 % à 90 % des dialysés reçoivent de l’érythropoïétine. Si l’EPO est réintégrée dans le forfait dialyse, comme c’était le cas avant 2001, on craint que les malades ayant de gros besoins en érythropoïétine soient pénalisés. »

En clair, les structures de dialyse privées pourraient être tentées de ne pas proposer l’EPO de manière systématique à leurs patients, si elles se voient contraintes d’acheter cette molécule à perte.
Y aurait-il des prescriptions abusives ? Le Syndicat des néphrologues libéraux s’en défend, et rappelle que l’EPO fait l’objet d’un contrat de bon usage, « ce qui garantit sa prescription en total respect avec les règles de bonnes pratiques ». Les professionnels de santé et les associations de patients dialysés demandent au gouvernement de suspendre sa proposition.

La France compte près de 33 000 personnes dialysées, un nombre en progression de 3 % par an. Les dépenses en EPO se montent à 70 millions d’euros par an (14 euros la séance).

 

 

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