Actualités

Un biomarqueur de l’échec de greffe identifié dans le génome du rein transplanté

Un biomarqueur de l’échec de greffe identifié dans le génome du rein transplanté

Un variant du gène cavéoline-1, un inhibiteur de fibrose tissulaire, est associé de manière significative à un échec de la greffe rénale dans deux cohortes indépendantes. Bien qu’une minorité de donneurs (environ 10 %) soient homozygotes pour ce gène, ce variant représente un biomarqueur potentiel pour identifier une sous-population à risque plus élevé d’échec de l’allogreffe.

« À notre connaissance, c’est la première étude qui identifie et valide une association entre le génome d’un greffon rénal transplanté et la survie à long terme de l’allogreffe », soulignent Jason Moore et coll.

Les signalisations passant par la membrane plasmatique sont facilitées par la présence de différents domaines dont les caveolae, microdomaines de la membrane plasmatique, formant des invaginations de 50 à 100 nm de la membrane plasmatique. Les caveolae s’expriment partout, mais sont particulièrement abondantes dans les cellules endothéliales, les adipocytes, les fibroblastes et les pneumocytes.

La cavéoline-1 (CAV1), qui est le principal composant des caveolae, participe à la médiation du transport du cholestérol ; d’autres rôles ont été récemment trouvés. On sait que c’est notamment un inhibiteur de fibrose tissulaire.

CAV1 dans les maladies fibrosantes.

Les caveolae et CAV1 semblent impliqués dans toute une variété de maladies : cancer, maladies vasculaires, HTA, insulinorésistance, diabète. Une attention particulière est portée sur le rôle de CAV1 dans les maladies fibrosantes, telles que la sclérodermie, les fibroses pulmonaires, les cardiomyopathies fibrosantes.

Des observations éparses ont associé une réduction de l’expression de CAV1 à la fibrose rénale.

La fibrose survient fréquemment sur un allogreffon rénal, à tel point que la greffe rénale a été considérée comme un « modèle humain » de fibrose tissulaire accélérée. Cette fibrose provoque l’échec de la greffe rénale.

Pour la première fois, une équipe s’est intéressée au polymorphisme du gène codant CAV1 en relation avec l’évolution de la greffe rénale. Les variants du gène ont été étudiés à la fois chez les donneurs et les receveurs, « car les cellules des uns comme des autres peuvent contribuer à la fibrose de l’allogreffe. »

La stratégie a consisté à identifier les variants de CAV1 associés à un taux accru d’échec de transplantation dans la cohorte d’un centre unique, puis de valider l’association éventuelle dans une population indépendante en utilisant une approche de « validation exacte ».

Un étiquetage génétique.

La première partie a été réalisée pour 785 transplantations rénales chez des personnes d’ethnie caucasienne (Birmingham, Royaume-Uni, entre 1996 et 2006 ; suivi médian de 6,7 ans) ; on a effectué un étiquetage génétique à l’aide de SNP (single nucleotide polymorphism).

La présence d’un donneur de génotype AA pour CAV1 rs730751 est associé à un risque accru d’échec de la greffe rénale (risque relatif de 1,97 versus un génotype non-AA du donneur). C’est le seul variant du gène CAV1 qui apparaît associé de manière significative à l’évolution de la greffe rénale.

La découverte est validée dans une cohorte à Belfast (1996-2005 ; n = 697, suivi médian de 5,75 ans). Les taux d’échec pour une homozygotie AA du gène CAV1 du donneur sont : 22/57 (38,6 %) dans la cohorte de Birmingham et de 32/48 (67 %) dans la cohorte de Belfast.

CAV1 est impliqué dans la fibrose tissulaire et dans la prolifération vasculaire, qui sont deux contributeurs à l’échec de la transplantation rénale. Des investigations plus poussées sur le rôle d’AA dans l’étiologie de la fibrose rénale seraient intéressantes, pour argumenter les autres situations de fibrose ou le gène est impliqué, telles que les néoplasies ou les maladies vasculaires.

La validité de l’étude est renforcée par la confirmation de variables antérieurement identifiées comme associées à l’échec de la transplantation rénale, en particulier l’effet de l’âge du donneur, le sexe du donneur et l’origine ethnique du receveur.

Dr BÉATRICE VUAILLE

JAMA, 7 avril 2010, vol. 303, n° 13 ; p. 1282-7.
Le Quotidien du Médecin du : 08/04/2010

 

Partagez

Plus de lecture

Répondre

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *