Actualités

Aix en Provence : l’hôpital pourrait cesser les séances de dialyse du soir

Patrick Cau ne décolère pas depuis qu'il a appris, "par l'indiscrétion d'une infirmière du service qui trouvait la situation intolérable", que les dialyses de nuit au centre hospitalier risquent d'être interrompues. Il doit subir trois fois par semaine ces séances, entre 18h30 et 22h30, parfois, au-delà. Malgré son insuffisance rénale, il a une activité professionnelle pleine et entière à la faculté d'Aix. S'absenter quatre à cinq heures durant trois fois par semaine signifierait remettre en cause son métier. "J'ai des crédits, j'ai une famille, des enfants, j'ai besoin de travailler."

Le secrétaire général du centre hospitalier, Jean-Pierre Lala, confirme qu'une réflexion est en cours sur l'organisation du service. "La fréquentation est en baisse. Et la plupart des patients dialysés qui travaillent sont généralement en autodialyse, soit sur des structures associatives, soit à domicile. Actuellement, nous engageons des moyens importants pour ces soirées, avec le même nombre de personnel quand la plupart du temps, trois postes sur quatorze sont occupés. La notion de service public de l'hôpital doit aussi s'apprécier par rapport à ces données. On réfléchit donc sur un calendrier différent, notamment pour mettre plus de moyens dans la journée, en ajoutant, si besoin, un ou deux postes supplémentaires. Dans tous les cas, cela ne se fera pas avant juillet."

"On nous empêche de vivre"

Demain, donc, ce qui exaspère Patrick Cau : "C'est un manque de correction incroyable, on nous empêche de vivre, on fout notre vie en l'air, et on ne sait même pas si on pourra être dirigé sur un autre centre". Pour lui, hors de question d'une dialyse à la maison -la maladie est déjà un traumatisme largement suffisant pour l'entourage- et le geste technique comme l'hygiène qui l'entoure demandent énormément de rigueur.

Il assure que le soir, il y a souvent une quinzaine de patients dans le service, "la plupart qui ne travaillent pas sont là car ils ne supportent pas la dialyse en journée, celle du soir étant la plus douce et plus facile pour la récupération. Tout ceci pour des raisons de rentabilité ! Je trouve l'argument mal à propos quand on parle de l'hôpital public, de l'accès aux soins et surtout de l'accès aux soins pour tous, même ceux qui continuent malgré la maladie à avoir une vie professionnelle et donc de n'avoir que la soirée comme créneau de disponible".

Il s'interroge par ailleurs : comment l'hôpital pourra-t-il dégager plus de postes dans la journée, le service étant totalement surchargé déjà, si demain, il doit absorber les dialyses du soir ? Au local syndical, le représentant de la CFDT tient le même discours : "Le centre de dialyse est vétuste. Est-ce pour faire des économies sur les indemnités de nuit des agents hospitaliers ? La modification doit passer pour avis devant le comité technique d'établissement et rien n'a encore été décidé. Mais perdre des patients qui vont aller dans le privé, a-t-on besoin de cela ?"

Le privé, c'est le centre d'hémodialyse de l'avenue Aurientis, près de la polyclinique Rambot : 35 postes qui fonctionnent jusqu'à 23h30… Côté associatif, il existe également l'Association de traitement des malades insuffisants rénaux, à la Grande Thumine, au Jas de Bouffan, encadrée par l'équipe médicale de l'hôpital aixois, avec 15 postes. Des soins y sont pratiqués jusqu'à 23 heures trois fois par semaine.

Partagez

Plus de lecture

Répondre

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *