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Les génériques, ça devient automatique… même pour les antirejets

La convention du 6 mai 2012 passée entre assurance maladie et syndicats de pharmaciens prévoit que le taux de substitution des médicaments princeps par les génériques atteigne 85%.

Une des mesures qui accompagnent cette convention risque de faire parler d’elle : à partir du 9 juillet, le dispositif “tiers payant contre générique” est généralisé. Il s’applique sans exception. Cela signifie que les assurés qui refuseront un générique devront payer le montant de leur ordonnance, le tiers payant ne s’appliquant pas. Ils pourront cependant se faire rembourser, a posteriori, par l’Assurance Maladie.

Contrairement à ce qui se passait jusque là, les pharmaciens qui ne se plieraient pas à cette injonction et continueraient à pratiquer indifféremment le tiers payant, ne seront pas remboursés.

Seule exception à la règle : table la mention “non substituable” portée de manière manuscrite par le médecin prescripteur sur l’ordonnance. La mention doit désormais précéder le nom du médicament (pour éviter un ajout intempestif).
Cette mention doit se justifier par des raisons médicales.

Par ailleurs, “l’assuré qui refuse le médicament générique (…) devra faire l’avance des frais, coller lui-même ses vignettes puis envoyer sa feuille de soins”.

Le pharmacien doit mentionner “refus de générique” sur la feuille. Même si l’assuré lui propose de payer la différence entre générique et princeps, le tiers payant ne s’applique pas.

En cas d’urgence “à titre tout à fait exceptionnel”, le pharmacien, s’il ne dispose pas aussitôt du générique, peut délivrer le princeps (le tiers payant s’applique).

Aujourd’hui, seules cinq molécules sont pour le moment exclues de ce dispositif (Fentanyl, Lamotrigine, Levothyroxine, Topiramate, Valproate de Sodium), selon une directive de l'autorité sanitaire. Les antirejets n’en font pour le moment pas partie.

On peut s’en étonner, puisqu’il s’agit de médicaments dits “à marge thérapeutique étroite”.

Nous sommes bien entendu favorables aux génériques, mais les immunosuppresseurs, concernés par cette mesure, sont des médicaments très spécifiques, dont les concentrations sanguines doivent demeurer les plus stables possibles.
Les sociétés savantes se sont d’ailleurs positionnées de manière très prudente que ce sujet.

Outre les risques relatifs à l’observance, liés au changement d’aspect du médicament, la modification de l’excipient peut être à l’origine de telles variations. Le greffon rénal est précieux. Il évite aux patients la dialyse, dont le coût est bien plus élevé que celui de la greffe pour le système de santé et l'efficacité bien inférieure.

Il serait catastrophique qu’une application particulièrement rigide des textes aboutisse à la perte d’un certain nombre de greffons.

De plus, compte tenu du coût élevé des antirejets (en général plusoieurs centaines d’euros par boîte), la non application du tiers payant est particulièrement brutale. La plupart des patients ne pourront pas avancer l’argent seront obligés d’accepter la substitution.

On peut imaginer combien cette mesure risque d’être source d’angoisse. Si l’Assurance Maladie semble ne pas s’émouvoir du statut bien spécifique et des enjeux des antirejets, les malades, eux, en ont une conscience aigue.

On peut aussi regretter une entrée en vigueur sans aucune concertation avec les associations de patients concernées.

Notre conseil : si ce n’est pas déjà fait, n’hésitez pas à demander l’avis de votre néphrologue quant à cette substitution. Il ou elle a toujours la possibilité de préciser la mention non substituable sur votre ordonnance (attention : il faut qu’elle soit manuscrite, en toutes lettres – pas de “NS” – et qu’elle précède le nom du médicament).

 

 

 

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