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Rémunérer les donneurs vivants de rein : une stratégie “rentable” ?

Un article publié le 24 octobre 2013 dans le Clinical Journal of the American Society of Nephrology indique que rémunérer le don d’un rein à hauteur de 10000 $ canadiens (un peu moins de 7000 €) pourrait permettre d’augmenter d’environ 5% le nombre de greffes réalisées et de faire des économies de santé importantes tout en améliorant la qualité des soins.

Il s'agirait de prévoir une "rémunération" officielle et transparente, versée par l’Etat aux donneurs vivants. Les économies réalisées sur le coût de la dialyse rendraient le systéme rentable.

Les auteurs, Lianne Barnieh et Braden Manns, de l’Université de Calgary, rappellent cependant qu’il existe depuis de longues années un débat difficile sur l’opportunité d’utiliser des incitations financières au don de rein du vivant, ce qui pose des problèmes éthiques, légaux et moraux.

Dans un éditorial publié en même temps que l’article, le Dr Peter Reese, de l’Université of Pennsylvanie, considère que cette proposition pose quatre problèmes majeurs : 

  • Elle inciterait des individus à accepter un risque pour un bénéfice financier, alors qu’ils ne l’auraient pas fait sinon
  • Elle s’adresserait en particulier aux plus pauvres et aux plus vulnérables, qui pourraient voir la vente d’un rein comme la seule option possible pour répondre à leurs difficultés financières
  • Elle dévaloriserait l’altruisme et pourrait dissuader les donneurs "gratuits"
  • Elle porterait atteinte à la dignité des personnes, en faisant de leurs organes des objets à vendre

Le Dr Reese précise toutefois que l’usage d’incitatifs financiers est en pleine émergence en médecine, puisqu’en Amérique du Nord des débats ont par exemple lieu au sujet de "primes" versées par les assureurs aux personnes qui arrêtent de fumer ou qui perdent du poids…

Il convient de rappeler que la prise en charge financière des donneurs vivants de rein en Amérique du Nord n'est pas aussi complète que celle qui existe en France. En particulier, en fonction de leur couverture assurantielle et de celle de leur receveur, les frais médicaux, les pertes de salaires et les dépenses annexes (transports, etc.) ne sont pas toujours couvertes…

Source : The Cost-Effectiveness of Using Payment to Increase Living Donor Kidneys for Transplantation, Lianne Barnieh, John S. Gill, Scott Klarenbach, and Braden J. Manns, CJASN CJN.03350313; published ahead of print October 24, 2013, doi:10.2215/CJN.03350313
 

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3 Commentaires

  • ça, ça fait peur !!!! j’espère qu’on n’en arrivera JAMAIS A CA !!! en France,
    La loi prévoit la neutralité financière pour le donneur vivant. Ce qui est LOIN D ETRE LE CAS !!!!!! Expérience du don de ma p’tite soeur …. RDV pris sur Congés … ou “récupérés” … Examens sanguins “en ville” pas pris a 100% ( la mutuelle a été sollicitée ) et quid du suivi après ???? j’ai du réclamer moi même qu’elle est des examens 6 mois après son Don !!! rendez vous pris au 30 Décembre …

  • j’ai oublié … les frais de déplacement, tellement galère pour se faire rembourser qu’elle a laissé tombé au bout du deuxième rendez vous … et des rendez vous , il y en a pas mal …
    🙁

  • Bonsoir à tous 🙂 premier pas sur le site et je tombe sur ce sujet 😮 . Un peu choquée sur le moment, je comprends mieux en seconde analyse que si la prise en charge n’est pas correcte en Amérique du Nord, il puisse être envisagé de rémunérer les donneurs non pas pour leur don mais pour pouvoir le réaliser (examens, déplacements, arrêt maladie…etc…)Heureusement en France, ce n’est pas le cas ! Personnellement j’ai choisi spontanément de proposer un rein à mon compagnon avant de savoir que la prise en charge était possible. Sur le moment le choix que l’on fait ne se base pas sur l’aspect matériel ou pratique, il relève d’un élan du coeur. Ensuite apprendre que tout est pris en charge par l’hôpital transplanteur et un cadeau supplémentaire.
    Je crains les dérives qui pourraient exister en effet, si une rémunération était proposée aux donneurs… 🙁

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