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Des gens continuent à vivre grâce à lui

3 juin 2005, Libération

La mère d’Adrien, décédé en février, à 18 ans, d’une méningite foudroyante, raconte comment la famille a accepté de donner ses organes.

“Quand nous avons appris qu’Adrien avait fait une mort encéphalique, j’ai su qu’on allait nous poser la question du don d’organes. Ce jour-là, on n’a pas le temps de penser, mais nous y avions réfléchi avant en famille. Alors, quand la jeune femme de la coordination des greffes est venue nous voir, on s’est regardés, son père, notre fille, notre fils et moi, et on a tout de suite dit OK. Ce qui était important, c’est que les enfants soient d’accord, sinon on ne l’aurait pas fait. J’ai une carte de donneur depuis 1995 et les enfants le savaient. Mais c’est quelques années plus tard qu’on a abordé le sujet ensemble. J’avais rencontré quelqu’un en attente d’une greffe cardiaque, et j’en avais parlé à la maison car je l’appréciais beaucoup. Adrien était adolescent, mes deux autres enfants étaient plus jeunes. Tous ont dit, “c’est bien”, en s’incluant eux-mêmes dans cette réflexion. Bien sûr, on n’avait pas anticipé ce qui nous arriverait, mais c’est mieux de prendre une telle décision à froid. A chaud, c’est plus difficile, et on peut se tromper. J’ai ainsi rencontré une femme qui, il y a dix ans, a refusé de donner les organes de son enfant, et qui le regrette aujourd’hui. Ce qui m’apaise après le décès de notre fils, c’est que des gens continuent à vivre grâce à lui. Dans les yeux de ceux à qui je parle d’Adrien et de la transplantation, je vois une admiration pour lui, et j’en suis contente. Ça me permet de ne pas parler de lui au passé, mais de l’évoquer au présent dans l’action qu’il a faite, et il y a une sorte de continuité. Des gens nous disent qu’on a été courageux d’accepter de donner ses organes. Mais le courage, c’est lui qui l’a eu, pas nous.”

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