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Des chercheurs arrivent à des conclusions semblables, de manière indépendante, au sujet de érythroblastopénie

2 octobre 2004, CNW Telbec

Des équipes de recherche
indépendantes, établies à la Northwestern University aux Etats-Unis et au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) au Canada, rapportent des conclusions similaires sur une forme rare d’anémie, susceptible de menacer le pronostic vital, l’érythroblastopénie. Cette maladie est associée à l’érythropoiétine recombinante humaine (époétine), produit fréquemment utilisé pour l’anémie chez des patients atteints de cancer ou des personnes en dialyse.
L’époétine a permis à des centaines de milliers de patients souffrant d’insuffisance rénale chronique ou d’autres maladies d’éviter les transfusions sanguines. Il s’agit du produit biotechnologique qui a connu le plus de succès sur le marché actuellement. La formulation prédominante associée à cette
toxicité rare mais grave était Eprex(R), formulation d’époétine sur le marché au Canada, en Europe, en Asie et en Australie, mais non aux Etats-Unis. Près de 200 patients atteints d’insuffisance rénale chronique au niveau mondial ont
présenté une forme rare d’érythroblastopénie, dans laquelle des anticorps de l’érythropoiétine recombinante se développent et attaquent une hormone naturelle de l’organisme responsable de la formation des globules rouges.
L’anémie qui en résulte est grave et nécessite des transfusions sanguines hebdomadaires ou presque.
Dans une étude publiée dans le numéro du 1er octobre 2004 du Journal of the American Society of Nephrology, le Dr Denis Cournoyer, chercheur du CUSM (à la division de l’Hématologie et au Bureau de recherche éthique) et ses
collègues du Groupe d’étude canadien de l’érythroblastopénie (Canadian PRCA Focus Group), ont estimé le risque d’érythroblastopénie associée à l’érythropoiétine chez des patients insuffisants rénaux chroniques pendant la période allant de janvier 1998 à mars 2003. Ils ont établi qu’Eprex sans sérum-albumine humaine et administré par voie sous-cutanée était associé au risque le plus élevé d’érythroblastopénie (26,9 cas sur 100 000 patients-années d’exposition). Le Groupe d’étude canadien de l’érythroblastopénie a conclu qu’Eprex sans sérum-albumine humaine était contre-indiqué par voie sous-cutanée pour les patients atteints d’insuffisance rénale chronique, en raison du risque accru d’érythroblastopénie.
Selon les résultats, l’administration sous-cutanée d’Eprex avec sérum-albumine humaine et du NeoRecormon présente un risque légèrement supérieur à certains produits ‘érythropoiétine administrés par voie intraveineuse.
Toutefois, il n’existe actuellement aucune preuve établissant que d’autres produits d’administration sous-cutanée sont plus sûrs que ces deux produits.
Par conséquent, on ne peut faire aucune recommandation à l’égard de l’usage de produits spécifiques d’érythropoiétine, sauf d’éviter l’usage d’Eprex sans sérum-albumine humaine chez des patients insuffisants rénaux chroniques sans
instrumentation intraveineuse (par exemple en prédialyse ou en dialyse à domicile).
Les chercheurs du Groupe d’étude canadien de l’érythroblastopénie ont noté que les résultats de leur analyse devraient être pris en considération compte tenu des limitations affectant les données de pharmacovigilance.
L’analyse de risque des anticorps anti-érythropoiétine a été effectuée à partir de données auto-signalées par les patients ou issues du marketing et non dans le cadre d’une étude prospective.
Dans une autre étude publiée dans le numéro du 30 septembre 2004 du New
England Journal of Medicine, un chercheur, le Dr Charles L. Bennett, et des collègues de la Northwestern University, du Jesse Brown Veterans Administration Hospital et d’établissements en Italie et en France, ont rapporté que des agences nationales de santé publique en Europe et au Canada
ont collaboré avec des sociétés pharmaceutiques fabriquant l’époétine pour trouver la cause et réduire l’incidence de l’érythroblastopénie liée à l’usage du médicament.
Au niveau mondial, on a rapporté 191 cas d’érythroblastopénie associée à l’époétine; dans 92 pour cent des cas, il s’agissait d’Eprex administré par voie sous-cutanée à des personnes en dialyse rénale. Bien que l’époétine soit largement utilisée par des patients atteints de cancer, aucun des cas signalés
n’est survenu dans cette indication. Le nombre de cas d’érythroblastopénie associée à l’époétine a commencé à augmenter de manière dramatique chez les patients insuffisants rénaux chroniques en France, en Angleterre, en Espagne et au Canada en 1998 pour atteindre un sommet en 2001 dans les trois pays européens, et en 2002 au Canada.
En 1998, la formulation d’Eprex a été modifiée, en réponse aux
inquiétudes soulevées par le fait que la sérum-albumine humaine utilisée dans la production du médicament pouvait transmettre une variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. En outre, les pays qui enregistraient un grand nombre de
cas avaient administré la nouvelle formulation d’Eprex par voie sous-cutanée à des patients en dialyse, alors que les pays qui signalaient un petit nombre de cas avaient privilégié généralement la voie intraveineuse. A compter de 2002
en Europe et un an plus tard au Canada, après des améliorations aux méthodes de conservation et de manipulation de l’ensemble des formulations d’Eprex et
après qu’on ait recommandé exclusivement la voie intraveineuse dans le cas de l’insuffisance rénale chronique, l’incidence de l’érythroblastopénie associée à Eprex a chuté de 83 pour cent, retrouvant pratiquement les niveaux observés
avant 1998. Les deux groupes de chercheurs ont commencé une collaboration et suivront attentivement à l’échelle internationale cette grave complication, pour en élucider les causes manifestement multifactorielles et formuler des
recommandations susceptibles d’améliorer l’efficacité globale des évaluations de sécurité post-marketing de tous ces produits pharmaceutiques.

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