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A peine convalescent, Jonah Lomu rêve toujours à la Coupe du monde 2007

13 novembre 2004, Le Monde

Jonah Lomu est de retour au stade. Pas encore sur le terrain, mais il en rêve à haute voix, trois mois après avoir subi une greffe de rein.

“J’espère revêtir un maillot de rugby d’ici à un an”, a confié l’ancien ailier des All Blacks, mercredi 10 novembre à Rome, où il recevait des récompenses de la part du Comité olympique italien et de la Fédération italienne de rugby. Il s’agit de son premier voyage à l’étranger et de son premier contact avec la presse depuis l’intervention chirurgicale qu’il a dû subir après l’avoir repoussée de toutes ses forces.

Samedi 13 novembre après-midi, le Néo-Zélandais sera dans les tribunes du stade Flaminio, à Rome, pour encourager ses anciens coéquipiers dans leur test-match contre l’Italie. Les yeux rivés sur le ballon ovale, mais la tête déjà ailleurs : “Je rêve à la Coupe du monde 2007 sous le maillot noir des Blacks, dit-il de sa voix douce. J’aimerais les aider à la gagner.”

S’il a un peu grossi, cela ne se voit pas, ses 125 kg étant parfaitement sanglés dans un costume redingote sombre. Une tenue d’aristocrate du rugby, chemise blanche et cravate finement rayée sous un gilet boutonné très haut.

Jonah Lomu porte beau, mais il sait que le chemin de la convalescence sera long : “J’entretiens ma forme en faisant du kick boxing et de la course, explique-t-il. Et je compte reprendre l’entraînement sur le terrain l’année prochaine.”

DONNEUR COMPATIBLE

En attendant, le géant qui avait terrassé à lui seul l’Angleterre en demi-finales de la Coupe du monde 1995 se contente de répondre simplement aux questions simples qu’on adresse à un miraculé. “Je vais mieux, bien mieux, sourit-il. Mes globules rouges sont encore en dessous de la norme mais je suis en train de retrouver une énergie que je n’avais pas avant.”

Avant quoi ? Avant cette transplantation, seul remède à sa néphropathie, une maladie génétique rare, diagnostiquée en 1996 à l’âge de 21 ans ? Avant cette fatigue qui, d’année en année, sapait toujours plus son corps de colosse (1,98 m pour 118 kg au meilleur de sa forme) ? Avant d’être contraint par ce foutu syndrome néphrétique à renoncer au maillot noir à la fougère argentée (sa dernière sélection remonte à novembre 2002, contre le Pays de Galles, à Cardiff) ? Avant sa première dialyse, le 31 mai 2003, puis la longue attente d’un donneur compatible?

Désormais, Jonah Lomu rechigne à parler de ces moments terribles, où le champion surpuissant, qui renversait tout sur son passage, ne tenait même plus debout. Il avait beau avoir couru le 100 m en moins de 11 secondes, la maladie l’avait bel et bien rattrapé. A bientôt 30 ans, pourra-t-il retrouver le haut niveau, alors que le rugby est toujours plus intense et les contacts plus violents ?

“Lomu a été l’ambassadeur du rugby dans le monde entier, j’espère qu’il pourra l’être à nouveau bientôt”, répond John Kirwan, son ancien compagnon de chambre chez les All Blacks, aujourd’hui sélectionneur de l’équipe d’Italie.

Jonah balaie les objections : il a envie d’ajouter des exploits à ses 37 essais marqués en 63 sélections.”Je suis encore jeune, sourit-il. Il y a des joueurs qui ont connu leur première cape internationale à 29 ans, alors je dois y croire.”

Jean-Jacques Bozonnet

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