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L’insuffisance rénale mieux traitée

20 juillet 2004, Les Dernières Nouvelles d’Alsace

Constitué en association en mars dernier, RENAL (pour REsau NEphrologique ALsace) a pour but d’améliorer la prise en charge des patients insuffisants rénaux chroniques.

Malgré la hausse du nombre de patients dialysés dans la région, l’Alsace ne connaît plus actuellement l’explosion quantitative d’il y a une dizaine d’années. Ce ralentissement est aussi enregistré en Allemagne.

Ainsi, on dénombre 114 nouveaux cas par an par million d’habitants d’insuffisants rénaux chroniques (IRC) dans la région contre 123 cas en moyenne nationale : ” L’Alsace se situe au 9e rang pour l’insuffisance rénale, en comptant les cas de dialyse et de greffe alors que précédemment, elle se situait dans les 5 premiers ” explique le Dr Brigitte Hoelt, médecin-conseil à la Direction régionale du service médical.

Des progrès ont été réalisés au niveau thérapeutique à partir de la détection de la maladie rénale. Reste quand même que ” la moitié des patients diagnostiqués en Alsace le sont au stade de l’insuffisance rénale sévère “. De plus 30% de patients sont dialysés en urgence, ce qui peut entraîner des complications.

Aussi médecins généralistes, néphrologues libéraux et hospitaliers mais aussi des biologistes, des patients, des infirmières et des diététiciennes ont-ils décidé d’unir leurs expériences pour faire face à l’augmentation de la population IRC : ” Le concept de réseau est promu par les autorités de santé pour éviter le gaspillage de temps et d’argent représenté par les visites aléatoires d’un patient chez plusieurs médecins. Un tel réseau permettant un dépistage des patients à un stade précoce existe d’ailleurs déjà à Lyon ” explique le Dr Brigitte Hoelt. Le gain de temps peut faire gagner aux patients trois ans de vie normale sans dialyse. Car, que celle-ci se passe à domicile (l’Alsace est la 2e région de France pour la dialyse péritonéale) ou en milieu de santé, elle reste une contrainte.

En Alsace, 850 personnes se font dialyser, c’est à dire font filtrer leur sang trois demi-journées par semaine par une machine dans sept structures ; 35 patients -contre 80 auparavant- continuent de se faire dialyser en Allemagne par souci de proximité.

Quelque 450 personnes vivent avec un rein greffé et on estime qu’il y a entre 70 et 80 greffes effectuées chaque année ; moins de 5% le sont grâce à un donneur vivant, une procédure qui pourra se développer encore plus avec l’évolution des lois de bioéthique qui élargiront le cercle potentiel de donneurs autour d’un malade.

Diabète, hypertension

L’insuffisance rénale est une maladie évolutive silencieuse qui peut se manifester par fatigue, oedème (jambe enflée) ou perte d’appétit : ” Quand on se plaint, le rein est déjà détruit à 30% “. La maladie touche d’une part les jeunes, d’autre part les adultes atteints d’hypertension, de maladies vasculaires ou victimes d’interaction médicamenteuse. Parfois, grâce au test de la recherche d’albumine dans les urines, la médecine du travail détecte des cas.
Mais le grand pourvoyeur de l’insuffisance rénale, c’est le diabète : ” 30% des patients dialysés sont diabétiques en Alsace “. Or malgré le suivi dont ils sont l’objet par ailleurs, l’insuffisance rénale des diabétiques n’est pas diagnostiquée plus tôt que les autres malades : ” Le but du réseau est de proposer aux médecins généralistes une banque d’informations. La vingtaine de médecins spécialisés en néphrologie, exerçant dans le service public ou privé participant au public, donneront des renseignements rapidement “.

L’adhésion au réseau, qui passe par le dossier médical partagé, permettra aux médecins généralistes de connaître les conduites à tenir en cas de suspicion d’IRC, de demander les examens complémentaires, d’adresser le patient au néphrologue avec un dossier complet de façon à ce qu’en un seule consultation le spécialiste puisse donner le diagnostic et mettre en place le suivi nécessaire (signaux d’alerte, médicaments à éviter, conseils diététiques…) avec le médecin traitant du patient.

Éviter de passer en dialyse

L’association RENAL, présidée par le Pr Thierry Hannedouche, des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, a déposé un dossier de auprès de l’URCAM (Union régionale des caisses d’assurance maladie) afin d’avoir les moyens de fonctionner à la rentrée, notamment avec un poste de coordinateur : ” Pour un malade dialysé, il y en a 10 qui ont une insuffisance rénale chronique nouvellement décelée qui, si elle n’est pas gérée correctement ou pas du tout, conduira à la dialyse. Le réseau a pour objectif une prévention très en amont, afin d’éviter de passer en dialyse. Quand vous avez un traitement efficace qui existe pour ralentir la progression de l’insuffisance rénale, il faut agir le plus tôt possible. D’autant plus que l’absence de douleur de cette maladie ne doit pas faire croire, au patient comme à son médecin, à l’absence de danger ” explique le Pr. Hannedouche.
Dépistage précoce et prise en charge optimale de l’IRC sont d’actualité en Alsace ” où il y a deux fois plus de néphropathies diabétiques par rapport à la moyenne nationale “.

Marie Brassart-Goerg

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