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Deux candidats sur trois à la greffe en panne d’organes

10 septembre 2004, Libération

La situation reste tendue sur le front des greffes d’organes, avec un manque toujours aussi dramatique d’organes à greffer. Selon le tout dernier rapport de l’Etablissement français des greffes, rendu public cette semaine, “en 2003 en France, plus de 10 770 malades ont eu besoin d’une greffe d’organes pour continuer à vivre ou pour améliorer leurs conditions d’existence”, mais seulement “3 410 ont été greffés”. En d’autres termes, deux patients sur trois chez qui l’indication d’une greffe avait été posée n’ont pu être transplantés. “Au 31 décembre 2002, 6 425 patients restaient ainsi en attente de greffe d’organes. A ces patients se sont ajoutés, au cours de l’année 2003, 4 345 patients nouvellement inscrits en liste d’attente.”

Des chiffres inquiétants. Et une évolution qui l’est tout autant. L’activité de prélèvement en 2003 (2 261 donneurs recensés, 1 119 prélevés, soit 18,3 prélèvements par million d’habitants) est en baisse par rapport à l’année 2002, mais elle reste néanmoins supérieure à celle de l’année 2001, qui fut, il est vrai, une des plus mauvaises années. Selon l’Etablissement des greffes, “cette baisse de l’activité de prélèvement en 2003 est à mettre en rapport avec la diminution constatée des accidents traumatiques de la voie publique, résultats par ailleurs très positifs, mais aussi avec les difficultés actuellement rencontrées à l’hôpital en terme d’organisation et de démographie médicale”. Une baisse d’activité de prélèvement qui “n’entraîne pas une augmentation du taux de décès des patients inscrits en liste d’attente”, précise toutefois l’EFG. “Le nombre de personnes décédées avant greffe enregistrées sur la liste d’attente passe en effet de 248 en 2002 à 252 en 2003.” Quand on entre dans le détail des interventions, sur 3 410 greffes d’organes en 2003 (3 633 en 2002), 2 127 (dont 136 avec donneur vivant) concernent le rein, 833 le foie et 283 le coeur. Seule bonne nouvelle, les greffes de cornées ont repris leur essor : le nombre de cornées prélevées a augmenté régulièrement depuis 1995, passant de 3 073 à 7 425 en 2003.

Plus original, le rapport de l’EFG fait le point sur le Registre national des refus (RNR). En France, on le sait, la loi sur la bioéthique prévoit que “le prélèvement peut être effectué dès lors que la personne concernée n’a pas fait connaître de son vivant son refus d’un tel prélèvement” ; c’est ce que l’on appelle le consentement implicite. Mais ces dernières années, la société française se montrant de plus en réticente et méfiante vis-à-vis de la médecine, les refus des familles se multipliant, le législateur ­ sans remettre en cause ce principe ­ a voulu instaurer une garantie supplémentaire pour la personne. De son vivant, la personne peut faire état de son opposition. “Ce refus peut être exprimé sur un registre national automatisé. Il est révocable à tout moment.” Selon le rapport de l’EFG, le total des personnes qui se sont signalées est, à la fin 2003, de 54 518. Un chiffre relativement faible : “Le nombre d’inscriptions annuel est en diminution, en revanche le nombre d’interrogations ­ c’est-à-dire des personnes qui appellent pour avoir des informations ­ augmente régulièrement”, analyse l’EFG.

Eric Favereau

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