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Association Al Hayat : Les affres de l’insuffisance rénale chronique

22 septembre 2004, Al Bayane

En parallèle du 8e congrès africain de néphrologie, tenu à Agadir, sous le patronage du ministère de la Santé, a eu lieu une exposition du symposium du 16 au 19 septembre 2004 au salon des dunes d’or.

Parmi les exposants, le visiteur ne peut passer sans s’arrêter au sympathique stand, pas comme les autres, de l’Association marocaine des insuffisants rénaux et transplantés (AMIRT), Al Hayat. Etant donné la particularité de cette présence à ce grand rassemblement des néphrologues africains, nous avons rencontré et entretenu les responsables de cette jeune association, en l’occurrence la présidente, Fatiha Afkir, Driss Nejdi (Trésorier général), Abderrafik Salhi (secrétaire général), Bouarif Bendaud (trésorier adjoint). Créée en 1999 et réactivée en 2003, l’AMIRT est composée de dialysés et transplantés et œuvre pour eux et leurs semblables qui partagent ensemble les mêmes souffrances. Toujours en quête de statut d’utilité publique, Al Hayat, comme son nom l’indique bien, s’attelle à défendre les droits légitimes des insuffisants rénaux et transplantés pour une vie sereine et décente. L’idée est de fédérer des citoyens atteints d’insuffisance rénale pour consolider des liens de solidarité, d’écoute et d’entraide. En effet, ils sont 3600 atteints, chaque année, de chromiété, dont 20% seulement accèdent au soins, le reste étant condamné. C’est pourquoi, l’association a pour mission également de mener des actions préventives auprès de la population marocaine, à travers les médias et de contribuer effectivement à la généralisation de l’accès, surtout les plus démunis, à la prise en charge intégrale. Dans ce sens, il est inconcevable qu’au Maghreb à titre d’exemple, l’Algérie notamment, la gratuité des soins est assurée à tous les atteints, alors qu’au Maroc, le coût des séances de dialyse est exorbitant, allant de 700 à 1000 DH par séance, en plus des frais du traitement médical, des injections, des bilans… Le Maroc est donc, parmi les pays les plus en retard au monde, dans ce domaine.

C’est un cri de détresse que lance l’AMIRT devant cette situation dramatique qui prévaut dans notre pays, sans que l’Etat ne s’y penche sérieusement en décidant des mesures palliatives pérennes, efficaces et performantes. Pour l’association qui se refuse de s’évertuer dans des actions caritatives à faible impact, il est plus rentable de sensibiliser les pouvoirs publics et la société civile sur l’impérieuse nécessité de mettre en place une stratégie globale permettant l’hémodialyse à tous les insuffisants rénaux chroniques, en particulier ceux qui ne disposent d’aucune couverture médicale, ainsi que la transplantation rénale par le don d’organes de personnes décédées cérébralement comme le prévoient les textes de loi votés par le Parlement, mais non appliquées à ce jour. A ce sujet, on notera, par exemple, que 2500 greffes par an s’effectuent en Arabie Saoudite, où les tabous sont plus forts, par rapport à un pays qui se réclame moderniste comme le nôtre. De surcroît, la transplantation, chez nous, coûte 120.000 à 130.000 DH, ce qui réduit le nombre des transplantés depuis 1986 à environ 120 atteints aujourd’hui. Un bilan qui se passe de tout commentaire.

Selon Al Hayat, la transplantation pour enfants est prioritaire, car, à ce stade de la vie humaine, la croissance pour un enfant dialysé cesse et, par conséquent, sa vie est ravagé et anéantie, psychologiquement et socialement. Dans la noble tâche qu’elle ne cesse de supporter en dépit des affres de la maladie rongeante, l’association Al Hayat, dans un combat inlassable pour la vie, entreprend des actions événementielles afin d’interpeller vivement les décideurs sur cette calamité qui, sans dialyse ou greffe,condamne les victimes à une mort certaine. Les responsables devraient faire preuve de beaucoup d’audace politique et morale pour endiguer cette tragédie dont 80 % des atteints succombent, chaque année, sous les yeux impuissant des proches, des citoyens et des bonnes volontés. En plus du courage dont devront s’armer les décideurs pour préserver les intérêts légitimes des citoyens, cette œuvre humanitaire devra être l’illustration manifeste d’une nation imprégnée de civisme, d’équité et des droits de l’homme.

L’Association marocaine des insuffisants rénaux et transplantés, avec son approche réaliste et intégrante du phénomène déplorable qui place notre pays parmi les entités sociétales les plus précaires, à ce propos, s’inscrit dans une logique consciencieuse dénichant les remèdes dans la source et non dans l’aléatoire et le velléitaire.

Saoudi El Amalki

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