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Nantes fière de sa 3 000e greffe de rein

10 mai 2004, Ouest France

L’Institut de transplantation et de recherche en transplantation (Itert), installé au centre hospitalier universitaire (CHU) de Nantes vient de pratiquer sa 3 000e greffe rénale. Elle fête l’événement, aujourd’hui, en présence de 300 transplantés et des meilleurs spécialistes mondiaux. Le professeur Jean-Paul Soulillou dirige ce centre pionnier en France.

Quand l’aventure des greffes de reins a-t-elle commencé ?

La première a été réalisée à Nantes en 1971. Le CHU était l’un des trois premiers hôpitaux français à s’engager dans cette voie. Aujourd’hui, il effectue en moyenne 150 transplantations de reins par an, ce qui en fait le site le plus important de France et le second d’Europe. L’équipe chirurgicale du docteur Georges Karam assure 38 % des doubles greffes rein-pancréas pratiquées en France au profit de diabétiques insuffisants rénaux.

Peut-on attribuer ce succès à la structure de l’Institut qui regroupe, sous un même toit, les médecins, les chirurgiens et les chercheurs ?

Oui, cela facilite la coopération, les échanges, la compréhension mutuelle. Notre organisation va être reprise, à Nantes, dans les semaines qui viennent, par l’Institut du thorax (coeur-poumons) et, bientôt, par l’Institut des maladies de l’appareil digestif.

Malgré tout, votre action est-elle toujours limitée par l’insuffisance de dons d’organes ?

Oui. Et ce n’est pas tellement à cause de la diminution des accidents de la route, du travail et des accidents domestiques car les morts violentes n’ont qu’un impact très faible sur les greffes. Aujourd’hui, la véritable urgence, c’est de déceler, très vite, les cas de mort cérébrale, notamment lors d’accidents vasculaires cérébraux.

Encore faut-il que la famille ne s’oppose pas au prélèvement…

On enregistre, actuellement plus de 30 % de refus. Ce n’est pas que les gens soient moins généreux, mais ils sont choqués. D’où l’importance des campagnes de sensibilisation qui préparent les familles à ce type de situation. Il reste beaucoup à faire, également, pour encourager et accompagner les donneurs vivants.

Vous voulez parler des « greffes familiales » ?

Oui. Une mère, un frère, un conjoint donne l’un de ses reins à un proche. Ce sont les greffes qui donnent, de loin, les meilleurs résultats. La qualité du greffon est optimale parce que l’opération peut être programmée et que le donneur – toujours en excellente santé – a fait l’objet d’analyses très poussées. Là encore, l’information fait défaut. Ces greffes représentent moins de 5 % des transplantations en France, 10 % à Nantes. Nous sommes encore très loin de la Suisse ou de la Suède, où les donneurs vivants fournissent 50 % des reins greffés ou des États-Unis, où les greffes familiales représentent la moitié des transplantations.

Peut-on fonder un espoir sur les xenogreffes, ces greffes d’organes provenant d’animaux ?

Nous espérons, à Nantes, participer à cette avancée historique. Notre « Laboratoire des grands animaux » dispose, en collaboration avec une équipe australienne et l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), d’un modèle animal, un porc, dont le gène qui suscite la réaction de rejet chez l’homme a été détruit. Nous travaillons avec toutes les précautions éthiques, les xenotransplantations sont hyper-contrôlées, mais il faudra lever bien des préventions : dans l’esprit du public, on en est encore à l’ère glaciaire.

Recueilli par André FOUQUET

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