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Greffes d’îlots de Langerhans : Le premier greffé français va bien

4 juin 2004, Le Quotidien du Médecin

Si l’on s’en réfère aux premiers cas français, malgré les écueils liés à l’affection auto-immune et à l’immunosuppression, la greffe d’îlots de Langerhans, chez le diabétique sévère, semble prometteuse.

VOICI UN AN, l’équipe du Pr François Pattou, au Chru de Lille, réalisait une première française, la greffe d’îlots de Langerhans. Depuis mai 2003, le manipulateur radio de 38 ans, ainsi greffé, se porte bien. Il devrait reprendre le travail prochainement. Sa tolérance à l’immunosuppression est bonne.
Son cas est parfaitement représentatif des indications et des attentes de cette transplantation. ” Ce patient, explique François Pattou, était porteur d’un diabète instable associé à des hypoglycémies sévères non ressenties. Les injections d’îlots de Langerhans ont permis d’aboutir aux trois objectifs recherchés. Par ordre d’importance, tout d’abord, l’équilibre glycémique, jugé sur la normalisation de l’HbA1C ; la disparition des hypoglycémies, ensuite ; l’arrêt de l’insuline, enfin. Ce dernier point n’est pas le but ultime, l’équilibre glycémique prévaut. L’arrêt des injections est un point positif supplémentaire pour le patient.
” Cette technique montre que, en greffant des cellules insulinosécrétrices, on peut restaurer une insulinosécrétion, malgré l’existence d’une maladie auto-immune et d’une auto-immunité importante, qui tendent à détruire les îlots, et au prix d’une immunosuppression importante. Sous réserve des résultats des essais thérapeutiques, cette nouvelle approche peut rendre, pour l’instant, des services à un faible pourcentage de diabétiques : ceux chez qui le diabète est tellement difficile à équilibrer que les risques de l’immunosuppression semblent inférieurs à ceux de la maladie. “

Ces diabétiques sévères représentent 1 à 2 % des cas. Il s’agit de ceux atteints d’hypoglycémies sévères non ressenties et de ceux atteints d’un diabète instable. Le premier greffé français associait les deux troubles, malgré, bien sûr, la certitude d’un traitement médical bien conduit. D’autres diabétiques peuvent bénéficier de la greffe d’îlots de Langerhans, il s’agit des greffés rénaux. Pour eux, la situation est simplifiée par la présence d’une immunosuppression. L’essai thérapeutique mis en route à Lille, voici un peu plus d’un an, comporte d’ailleurs cinq greffés rénaux (un arrêt depuis) et trois non greffés. ” Tous les greffons sont fonctionnels, les patients n’ont pas perdu leurs îlots. Ils sont suivis par l’équipe d’endocrinologie du Dr Marie-Christine Vantyghem “, précise François Pattou, qui, outre son activité de chirurgien au Chru de Lille, dirige l’unité Inserm ” Thérapie cellulaire du diabète “.
Alors que l’équipe de Lille est la seule structure d’isolement d’îlots à partir des pancréas de donneurs, en France, d’autres centres se sont lancés dans cette greffe (Lyon, Grenoble et Strasbourg). Ils utilisent des greffons conditionnés à Lille. Un essai commence également à l’hôpital Saint-Louis, à Paris. ” Pour regrouper ces expériences en un seul essai, voici un peu plus d’un an a été créé le groupe Diacell, grâce au soutien de l’Alfediam. Ses objectifs sont la mise en commun des résultats des trois essais simultanés. De quoi nous permettre d’obtenir des résultats plus rapidement. Et, surtout, de passer plus vite à l’étape suivante : l’étude des protocoles. “

> Dr GUY BENZADON

Ces travaux ont été réalisés en partenariat avec le Chru de Lille II, le ministère de la Santé (Phrc), le conseil régional et l’Anvar.

Principe simple, réalisation difficile
Le prélèvement de pancréas, destiné à fournir les îlots de Langerhans, se fait de façon classique chez un sujet en état de mort cérébrale. ” La technique, ensuite, simple dans son principe, est difficile à mettre en œuvre, explique le Pr Pattou. Elle est de type “artisanal” et difficilement reproductible, car les donneurs sont rares et tous différents. ” Elle nécessite un savoir-faire que seuls les Lillois possèdent en France.
L’isolement des îlots, soit 2 % du pancréas (ou quelques millilitres), se fait grâce à des enzymes spécifiques. Ils sont ensuite purifiés. ” Il faut compter six heures et trois personnes. “
L’injection, ensuite, dure moins d’une heure. Les greffons perfusés dans la veine porte se bloquent dans le foie. Une fois fonctionnels (moins d’une heure), ils y sécrètent l’insuline.
Deux voies d’abord coexistent.
La première est chirurgicale. Sous anesthésie générale, par une incision de type Mac Burney, un cathéter est placé dans une veine mésentérique et la greffe réalisée.
La seconde relève de la radiologie interventionnelle. Par voie percutanée, la veine porte est ponctionnée et la perfusion réalisée.
La seconde voie présente un risque de thrombose ou d’hématome intrahépatique, mais est moins invasive que la première, apparemment plus sûre.

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