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Don d’organes : paroles d’un père qui a dit oui…

10 juin 2004, Le Midi Libre

Six ans après, la voix de Guy Rous se voile encore de chagrin quand il en parle. Et pourtant, il le fait, comme hier, lors d’une journée d’information pour le personnel hospitalier. Malgré la douleur, une émotion que l’on l’entend, le père de Daniel évoque ce geste, qui fait qu’aujourd’hui, son fils ” continue un peu à vivre. ”

Sobrement, sans faire l’apologie du don d’organes, si humainement, le père du jeune homme raconte ce dramatique jour d’août 1998. Daniel a 21 ans, ” une joie de vivre comme tous les jeunes hommes de son âge “, et ce désir de sauver des vies, sous son uniforme de pompier volontaire. Il le fera, même en perdant la sienne.

Ce 2 août 1998, Daniel rentre chez lui en voiture. Sur le trajet, un obstacle, ” peut-être un chevreuil “, et c’est la sortie de route. ” Il a été tué sur le coup “, se souvient son père, une photo de son fils dans les mains. Vient ensuite l’arrivée à l’hôpital, les renseignements que l’on tente d’obtenir, ” l’entourage et l’affection du personnel. ” Malgré l’inévitable, on continue à croire au moindre espoir. ” Jusqu’à la fin, j’ai pensé que l’on pourrait récupérer notre fils “, dit-il doucement.

Alors, on se raccroche à ” ce drap, posé sur sa poitrine, qui montait, qui descendait, qui montait, qui descendait… ” Guy se dit qu'” il y a de la vie… ” Jusqu’à ce que la main du chirurgien vienne se poser sur son épaule, et l’invite à le suivre, avec sa femme.

” Il nous a annoncé qu’il était maintenu en vie au cas où l’on accepterait le don d’organes, se souvient-il. Spontanément, j’ai dit oui. Parce que lui voulait sauver des vies en ayant choisi d’être pompier, et qu’il n’avait jamais dit non au don d’organes. ”

Six ans après, Guy ” garde précieusement ” une lettre du directeur de l’hôpital. Quelques mots ” qui nous ont beaucoup réconfortés et me donnent la force de témoigner, aujourd’hui. ” Le jour de sa mort, Daniel a fait don des valves de son coeur et de ses reins. Pour ces deux derniers organes, ” le directeur nous a écrit que “l’une comme l’autre greffe ont réussi”. ” Guy n’oublie pas cette phrase, qu’il lit avec peine : ” Dans le chagrin qui est le vôtre, sachez que Daniel permet, grâce à son geste et le vôtre, la vie d’au moins trois personnes. ”

Puis c’est un autre formidable espoir de vie qui s’adresse au personnel de l’hôpital. Maguy Beille a fait don de sa moelle osseuse en 1992. ” C’est deux jours d’hospitalisation et une anesthésie générale “, résume la Narbonnaise, qui a ainsi sauvé la vie d’une assistante sociale américaine de 30 ans, maman de deux enfants. ” J’avais un peu besoin de savoir que cela avait marché. Rien de plus, car c’est un geste gratuit et anonyme. ”

Aujourd’hui, à des milliers de kilomètres, Maguy a une famille qu’elle ne verra jamais. ” C’est un peu devenu ma soeur car, aujourd’hui, on a le même groupe sanguin. “
Marie PINTADO

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