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Sabrina, greffée du rein, raconte son expérience de la COVID-19

Heureusement, tout est bien qui finit bien pour Sabrina, trésorière de Renaloo, l'une des premières greffées à avoir attrapé la Covid-19. Son témoignage montre combien les premiers cas ont été difficiles à appréhender pour les médecins.

Ce sont la perte du goût et de l’odorat qui ont convaincu sa néphrologue qu’elle avait traversé un épisode de Covid. Un mois plus tôt, la généraliste consultée lors des premiers symptômes – toux sèche, violents maux de tête et fortes fièvres – avait conclu à une forte grippe.

Tout commence peu après les vacances de février.

Professeur des écoles, Sabrina reprend le travail le lundi 24 février 2020 "L'un des enfants de la classe revenait d'Italie. Malgré les consignes de l'Education nationale, il n'avait pas été mis en quarantaine. Est-ce lui qui m'a transmis le Coronavirus ? Une chose est sûre, le samedi suivant, Delia, ma fille de 3 ans, et moi nous sommes réveillées avec 39 degrés de température. Delia ne toussait pas. J'étais par contre sujette à des quintes de toux sèche depuis la veille".

Déjà greffée deux fois (à 17 et 31 ans), la jeune femme de 43 ans n'est pas du genre à s’écouter et à s'affoler. Toutes deux prennent du Doliprane et ne quittent pas la maison. Mais le dimanche matin, leur fièvre a encore grimpé. "Nous n'avions pas de difficultés à respirer, mais notre température à toutes deux avoisinait désormais les 40 degrés". Sabrina appelle vite le Samu, qui la prévient qu'il n'y a pas de temps à perdre.

Par précaution, elles ne se rendent pas aux urgences de l'hôpital Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine) près duquel elles résident, mais à la Maison médicale. "Nous avions entendu dans les médias qu'il fallait éviter les urgences car, à l'hôpital, on risquait d'entrer en contact avec le virus".

La mère de Sabrina les accompagne. Lorsqu’elles arrivent à 16 heures à la Maison médicale, Sabrina tient à peine debout. "Mais je minimisais encore les choses. Pour moi, avoir la Covid signifiait être à l'article de la mort si l’on en croyait les médias, qui étaient très alarmistes. Je n'en étais pas là et ne pensais même pas avoir attrapé le virus", se rappelle-t-elle.

La généraliste de la Maison médicale la rassure. Sabrina et Delia n'ont aucun problèmes respiratoires. Elles n'ont donc pas, selon elle, attrapé la Covid. "La médecin attribue mes forts maux de tête à une sinusite et elle nous diagnostique à toutes les deux une forte grippe, avec pour moi un arrêt de travail de quinze jours".

De retour à la maison, elles sont K.O. "Nous avons dormi 5 jours, ne nous levant que pour nous alimenter. Le jeudi, ma fille allait beaucoup mieux. C'était encore difficile pour moi, car je supportais très mal l'Augmentin, l'antibiotique que l'on m'avait prescrit".

Le 12 mars, Emmanuel Macron annonce le confinement. "J'ai repris le travail à la maison. J'ai bien vécu ce confinement, occupée par mes élèves, ma fille et, finalement, heureuse de rester à la maison" ! Sabrina est très fatiguée, mais n'en fait pas grand cas. "Entre les dialyses et les greffes la fatigue est malheureusement devenue une habitude". Une chose l'intrigue pourtant : aux maux de tête toujours présents sont venus s'ajouter une perte du goût de l'odorat. "Mais souffrant d'allergies et ayant connu une perte de goût après une radiothérapie, je ne me suis pas assez inquiétée".

Ce n'est que le 6 avril qu'elle fait le lien avec la Covid 19 en lisant le témoignage d'un greffé sur le site Facebook de Renaloo. "Il m'a conseillé de me mettre en contact au plus vite avec mon néphrologue". Dans la journée, elle appelle Necker. Sa néphrologue l'assure que l'agueusie et l'anosmie attestent qu'elle a attrapé la Covid. Selon elle, Sabrina l’a même attrapé deux fois : début mars, lorsque sa généraliste a diagnostiqué une grippe, et avec cette perte de goût et d’odorat qui traduit une réactivation du virus.

"J'étais rassurée, convaincue d'avoir traversé une forme bégnine de Coronavirus. Je n'avais plus de fièvre ni de maux de tête, ou alors épisodiques. Le dispositif de suivi mis en place par Necker m’a également apaisée. Ma néphrologue m'appelait tous les deux jours. Bien sûr, je pouvais joindre le service à tout moment si nécessaire. On m'a aussi dit qu'un test n'était pas nécessaire et qu'il n'y avait rien à faire sinon rester à la maison".

En faisant une rapide rétrospective que de ce qu'elle a traversé, Sabrina pense d'abord à ses proches. "Mon mari a attrapé le virus, avec très peu de symptômes – de la fatigue ; des courbatures – mais il aurait fallu que je prenne davantage de précautions avec mes parents qui sont âgés". Son père, pourtant fragile, n’a heureusement pas été malade, mais sa mère, asthmatique, a souffert. "Elle a eu de la fièvre pendant une dizaine de jours. Je suppose qu'elle a attrapé une forme de Covid, mais aucun d'entre nous n'a été testés".

Son prochain rendez-vous de suivi néphrologique aura lieu le 2 juillet. "Necker a complété les prélèvements habituels avec un test sérologique. Il sera très vraisemblablement positif et m'informera sur ma réponse immunitaire, ce qui ne pourra que me rassurer encore plus".

Pour l’instant, il s’agit de tourner la page au plus vite. "J'ai conscience de m'en être bien sortie en ayant une forme bénigne de la Covid, même si cela a été une rude épreuve par moments et beaucoup de soucis, notamment pour ma fille". Heureusement la petite famille va pouvoir finalement partir 15 jours en Vendée, avec en ligne de mire la rentrée de septembre. Une rentrée pas comme les autres. Sabrina y pense déjà, ravie à la perspective de se retrouver dans sa classe entourée de ses nouveaux élèves. En "présentiel".

Propos recueillis par Philippe Desfilhes pour Renaloo

 

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