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Il faut sauver la greffe rénale du Covid : Renaloo demande une feuille de route nationale pour garantir le maintien de l’activité

Plus de 16.000 personnes sont actuellement en attente de greffe rénale en France. Comment préserver leur espoir d’être transplantées alors que la submersion de nos hôpitaux par le Covid est imminente ?

Tous les moyens doivent être mis en œuvre pour éviter que le scénario du printemps dernier se reproduise. La suspension des greffes rénales a été décidée à compter du 16 mars, tandis que les transplantations d’autres organes se poursuivaient.

Entre début avril et mi-mai, environ 110 donneurs décédés ont été prélevés d’au moins un organe (coeur, foie, poumons…), mais leurs 220 reins ont été laissés en place et donc perdus. Au total, 600 greffes rénales de moins qu’en 2019 ont été réalisées sur la même période.

➡️ Chaque greffe rénale perdue est une perte de chance directe et grave pour les patients, dans un contexte où la pénurie était déjà très importante et croissante avant l’épidémie. Certes, ils sont maintenus en vie grâce à la dialyse, mais au prix d’une exposition au virus majeure, trois fois par semaine, durant leurs séances. 

Des recommandations nécessaires… à la mise en œuvre incertaine

Alertée par Renaloo, l’Agence de la biomédecine (AbM) a produit, le 22 septembre, des recommandations prévoyant le maintien des activités de prélèvement et de greffe. Elles précisent que :

  • des filières Covid négatives doivent être mises en place au sein de chaque établissement ;
  • en cas d’impossibilité, la greffe ne doit pas être annulée : elle doit être organisée dans un autre établissement, de la même région ou d’une autre région, réunissant les conditions de sécurité nécessaires.

« Si des filières Covid négatives ont bien été mises en place dans les hôpitaux greffeurs, les choses sont beaucoup moins claires sur ce qui se passerait si une ou plusieurs d’entre elles venaient à être débordées par l’épidémie » indique Magali Leo, responsable du plaidoyer de Renaloo. « Écartés des échanges organisés entre l’AbM et les services de transplantation, sans réponse de la part des ARS que nous avons sollicitées, nous sommes très préoccupés par l’impossibilité d’obtenir des informations précises sur les dispositions prises sur le terrain. Ce climat d’incertitude nous fait craindre des difficultés à leur mise en œuvre rapide et opérationnelle ».

Des inquiétudes partagées par le Pr Lionel Rostaing, chef du service de greffe rénale au CHU de Grenoble : « La situation se dégrade rapidement. Dans beaucoup d’hôpitaux, le risque est grand qu’il soit de manière imminente impossible de maintenir une filière Covid négative pour la greffe, mais aussi d’accueillir dans les services de réanimation des donneurs décédés d’organes pour le prélèvement ».

Face à ces constats, nous nous sommes adressés fin octobre à l’État pour tenter d’obtenir des garanties. La réponse d’Olivier Véran se veut rassurante : « Nous faisons le choix de maintenir autant que possible (…) les activités de greffe »*.

De fait, nous n’avons n’a aucun doute sur les bonnes intentions de l’ensemble des acteurs ni sur leur souhait de poursuivre « autant que possible » les activités de prélèvement et de greffe. Mais au stade de la crise que nous connaissons, la santé et les espoirs des patients en attente ne peuvent plus se contenter de cette bonne volonté affichée.

➡️ Renaloo demande qu’une feuille de route nationale soit sans délai établie et portée à la connaissance de tous.
Elle doit définir clairement les structures, les sites, les listes d’astreintes médicales et chirurgicales, les personnes coordonnatrices en charge de garantir la continuité du prélèvement et des greffes rénales.

Les conditions difficiles du prélèvement sur donneur décédé doivent inciter à augmenter l’activité de greffe de donneurs vivants, mais là aussi les choses sont compliquées. « Nous avons une dizaine de greffes de donneurs vivants prêtes à réaliser, mais compte-tenu de la saturation Covid19, elles sont pour le moment repoussées. Je ne suis pas sûr que nous puissions les faire au CHU de Grenoble d’ici 2021 » déplore le Pr Rostaing.

Le témoignage sur BMF TV le 6 novembre 2020 de Cindy, dont la greffe de donneur vivant est repoussée par le CHU de Lyon "à une date ultérieure"

➡️ Cette feuille de route doit également préciser la sanctuarisation de quelques centres sur le territoire, qui, quoi qu’il arrive, pourront assurer dans les semaines et les mois qui viennent la réalisation en toute sécurité des greffes de donneurs vivants issues de l’ensemble des équipes, éventuellement avec l’aide de leurs chirurgiens.

« Le temps court très vite, il est peut-être déjà trop tard », craint le Pr Alexandre Hertig, du service de greffe rénale à la Pitié Salpêtrière à Paris. « Nous sommes dans la partie exponentielle de la croissance des cas. Une mobilisation collective urgente pour établir cette feuille de route est la seule option pour que la greffe rénale ne soit pas à nouveau sacrifiée sur l’autel de la pandémie. »

➡️ Renaloo demande à nouveau à l’État de jouer pleinement son rôle, en pilotant l’établissement de cette feuille de route nationale, qui sera le témoin de l’engagement collectif et solidaire de l’ensemble des acteurs de la greffe rénale dans l’intérêt des patients en attente.

 

Voir l'article du Parisien du 3 novembre 2020

* Allocution télévisée du 29/10/2020

 

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