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Bientôt à l’essai chez l’homme : un traitement pour la polykystose rénale

2 mars 2004, le Quotidien du Médecin

Un antagoniste du récepteur de la vasopressineV2 (Rvpv2) ralentit considérablement la progression de la polykystose rénale chez l’animal. Des essais cliniques ne devraient pas tarder, d’autant que ce type d’antagonistes, déjà évalué en phaseIII dans d’autres pathologies, est bien toléré.

” Puisque ces médicaments ciblent sélectivement des récepteurs spécifiques sur les cellules rénales et court-circuitent d’autres organes, cela les rend relativement non toxiques et majore leur valeur comme traitement potentiel de la maladie polykystique des reins “, observe le Dr Vicente Torres, de la Mayo Clinic à Rochester (Minnesota), qui a dirigé ces travaux.

La polykystose rénale héréditaire, caractérisée par le développement de nombreux kystes liquidiens dans les deux reins, est une cause majeure d’insuffisance rénale chez les enfants et les adultes. La forme autosomique dominante est la plus courante (90 % des cas), affectant 12,5 millions d’individus dans le monde. Les symptômes (douleurs, hématurie, hypertension, infection urinaire) apparaissent généralement entre 30 et 40 ans, mais peuvent débuter dès l’enfance. La forme autosomique récessive, plus rare, débute in utero ou dans les premiers mois de la vie. Il n’existe actuellement aucun traitement efficace.

De récentes études ont montré que l’AMP cyclique joue un rôle central dans le développement des kystes, en stimulant la prolifération de l’épithélium kystique et la sécrétion liquidienne. Les kystes sont principalement dérivés des tubes collecteurs.
On sait aussi que la forme autosomique dominante est liée à deux gènes – PKD1 et PKD2 (PDK étant l’acronyme de Polycystic Kidney Disease) – qui codent pour deux protéines d’un complexe régulant le calcium intracellulaire. Les taux accrus d’AMPc pourraient peut-être découler de cette anomalie calcique intracellulaire.
Dans les reins normaux, l’AMPc stimule la réabsorption de l’eau dans les tubes collecteurs.

L’OPC31260, évalué par des chercheurs de la Mayo Clinic et de l’université médicale d’Indiana (Indianapolis), est un antagoniste du récepteur de la vasopressine V2 (RVPV2), lequel est le principal agoniste de l’AMPc dans le tube collecteur.
L’équipe a récemment montré son efficacité dans deux modèles de polykystose rénale autosomique récessive chez le rat et la souris.
L’évaluation présente a été menée dans un modèle de polykystose autosomique dominante chez la souris (Pkd2-/tm1Som), qui développe des kystes dans les trois premiers mois.
Ces souris ont été traitées oralement par OPC31260 à un âge compris entre la 3e et la 16e semaine. Ce traitement réduit considérablement les taux d’AMPc rénaux et corrigent la surexpression d’aquaporine 2 et de VPV2R. Il ralentit aussi considérablement le développement de la maladie (nombre des kystes et fibrose), prévient l’élargissement du rein et protège la fonction rénale.

Si l’effet de ce traitement est similaire chez l’homme, il pourrait retarder le besoin de dialyse et de transplantation rénale chez les patients affectés de polykystose rénale autosomique dominante.

” Des essais cliniques d’antagonistes du récepteur de la vasopressine V2 (RVPV2) semblent donc appropriés dans la polykystose rénale autosomique dominante “, concluent les chercheurs. Plusieurs de ces antagonistes sont déjà évalués dans des essais de phase III pour l’hyponatrémie et la rétention d’eau associée à l’insuffisance cardiaque congestive et la cirrhose.

Dr VERONIQUE NGUYEN

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