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Max Meynier : « Merci pour mes trois coeurs ! »

25 mars 2004, Le Parisien

Ils sont partis hier soir de Paris pour courir pendant quatre jours. Objectif : sensibiliser les Français sur le don d’organes. Un problème qu’a connu de près Max Meynier, homme de radio et parrain de l’édition 2004.

IL A QUITTE la radio il y a dix ans, ses célèbres moustaches n’ornent plus les pare-brise des semi-remorques de France, et pourtant, dans une brasserie parisienne hier, son entrée ne passe pas inaperçue. On se détourne, on murmure dans son dos, on le reconnaît, lui, l’homme de radio qui pendant seize ans, chaque jour de 20 heures à minuit, a animé les soirées de RTL. Les gens de la rue n’ont pas oublié Max Meynier et sa célèbre émission de radio, « Les routiers sont sympas ».

Aujourd’hui parrain de la Course du coeur, organisée pour les dons d’organes, il a la voix qui résonne comme une mélodie oubliée. L’homme a changé pourtant. Il a mûri. Pas parce qu’il a 66 ans et les cheveux grisonnants, pas parce qu’il n’est plus à l’antenne. Non, simplement parce qu’il a réussi à estimer le coût de la vie. De la sienne, celles de sa femme, de ses cinq enfants, des autres. Et ça, ça calme. Depuis vingt mois, cet homme-là étrenne son troisième coeur. Le premier, il est né avec et l’a gardé pendant 52 ans. Le second, greffé en 1990, a tenu bon jusqu’il y a deux ans, où il en a fallu un troisième. Alors, aujourd’hui, il est vraiment libre, Max ! Bien plus que lorsque ses enfants, sur la route des vacances, s’amusaient à compter le nombre d’autocollants à l’effigie de leur célèbre papa collés sur les camions. Aujourd’hui, il sait sa chance de vivre. Il regarde briller le soleil et grandir ses deux derniers enfants de 9 et 11 ans, et, pour lui, c’est un luxe, une chance extraordinaire.

La greffe était son unique chance « Mon activité principale, c’est de vivre ! » lance-t-il en riant. Max Meynier a failli mourir. Plusieurs fois. Un grave infarctus en 1985, et cinq oedèmes pulmonaires vont l’obliger à arrêter « les Routiers ». Il aura beau lever le pied, cela ne suffira pas. Son coeur est malade. Usé jusqu’à la trame par le stress et les deux paquets de cigarettes que Max fume au quotidien. En 1988, le diagnostic des médecins est implacable : la greffe est son unique chance. Enthousiaste, comme il l’est à RTL, il dit banco au professeur Cabrol. « C’était une nouvelle aventure… » La greffe prend. Il le dit partout, enchaîne les télés pour en vanter les mérites, écrit même un livre qui sera un succès… Dix ans après, il doit déchanter. Cette fois-ci, c’est un rein qui part en vrille. Insuffisance rénale. Il rentre en dialyse et le vit très mal.

« C’est mon pire souvenir, j’étais enfermé dans ce corps malade, j’étais en prison. Trois fois par semaine, pendant quatre heures, je passais à la machine à laver, on me nettoyait l’intérieur. J’étais extrêmement fatigué. » Son coeur aussi s’épuise. Max Meynier fait un nouvel infarctus. Il est loin de Paris, à Arcachon. Il frôle la catastrophe. « J’ai été sauvé in extremis. C’est ma femme, cardiologue, qui m’a sauvé. Elle m’a fait rapatrier à la Pitié-Salpêtrière, où ils m’ont annoncé qu’il fallait faire une seconde greffe. » Et Max Meynier tente alors l’impossible : il demande à son médecin de lui greffer en même temps un nouveau rein ! « Tant qu’à me faire opérer, je voulais qu’on me rénove tout. Comme j’allais avoir un nouveau coeur – le troisième ! – je voulais un nouveau rein. Pas question de continuer la dialyse avec un coeur neuf. » Le pari est risqué. Le 31 juillet 2002, il passe sur le billard. Quatorze heures de bloc. Côté coeur, c’est gagné ! Côté rein, les médecins sont inquiets, très inquiets. « Mais le corps humain a des ressources extraordinaires ». Après deux mois à l’hôpital et un mois et demi en maison de « redressement », comme il dit, il est guéri. « C’est formidable, on te change une pièce et tu repars ! C’est une renaissance, j’ai retrouvé ma liberté… » A peine deux ans après cette double opération, Max est en forme. Et n’a de cesse de remercier médecins, chercheurs, donneurs, ceux qui lui ont rendu la vie. Plusieurs fois. « J’ai la pêche, je suis tonique, je marche… Je suis heureux ! »

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