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La définition de la mort, expression d’une solidarité nouvelle

24 octobre 2003, Le Quotidien du Médecin

L’actuelle définition de la mort résulte d’une évolution médicale et sociale. Si elle laisse la possibilité du prélèvement des organes tout en étant sans ambiguïté quant à l’irréversibilité du processus, elle n’est pas toujours bien comprise ni acceptée par les familles.

La mort encéphalique est l’un des rares diagnostics médicaux à être fixé par voie légale. Le décret n°96-1041 du 2 décembre 1996, relatif « au constat préalable au prélèvement d’organes de tissus et de cellules à des fins thérapeutiques et scientifiques », définit la mort comme la présence de 2 EEG nuls et aréactifs effectués à un intervalle minimal de 4 heures.

« Le développement des techniques de réanimation a conduit à faire évoluer, par nécessité, la définition de la mort », explique le Pr Sadek Beloucif (Amiens). On se rappelle qu’en 1959 Mollaret et Goulon définissaient la mort cérébrale, irréversible, comme un « coma dépassé ». Cette terminologie n’a pas été sans entraîner une certaine confusion et des controverses. Ce que soulignait en 2001 Alexander Capron, dans un éditorial du « New England Journal of Medicine » intitulé « La mort cérébrale bien définie et toujours non résolue ». C’est le comité ad hoc de la Harvard Medical School qui, en 1968, transférait le concept de mort depuis l’organisme entier vers un organe, le cerveau. Capron indique ensuite que le titre du rapport de ce comité, « Une définition du coma irréversible », suggère que la mort encéphalique pouvait être considérée comme une condition de vie limitée mais non pas de mort (tout comme la notion française de « coma dépassé »). Mais il y a tout de même maintenant une trentaine d’années que la circulaire ministérielle française de Jean-Michel Jeanneney notait que pour recourir au critère de mort il fallait reconnaître le caractère « destructeur et irrémédiable des altérations du système nerveux dans son ensemble ». Déjà la destruction des fonctions cérébrales, inaccessibles aux techniques de réanimation, devenait notre nouveau paradigme. Le décret français en est une suite logique.

Maintenant, analyse le Pr Beloucif, en cherchant à repousser les limites de la connaissance, le médecin a compris que le maintien du fonctionnement des organes vitaux (le cœur, les reins, le foie…) pouvait ne pas être vain et permettre l’expression d’une solidarité nouvelle entre les humains et prolonger la vie d’autrui.

Dr Béatrice VUAILLE

La mort vue par

Epictète – Pourquoi craindre la mort ? Tant que nous sommes elle n’est pas, et lorsqu’elle est, c’est nous qui ne sommes plus.
Platon – Qu’est-ce que craindre la mort sinon s’attribuer un savoir qu’on n’a point ?
Michel de Montaigne – La mort ne vous concerne ni mort ni vif : vif, parce que vous êtes ; mort, parce que vous n’êtes plus.
Molière – On ne meurt qu’une fois et c’est pour si longtemps !
Chamfort – Apprendre à mourir ! Et pourquoi donc ? On y réussit très bien la première fois !
Alphonse Allais – La mort est un manque de savoir-vivre.
Jules Renard – La mort, ce serait le rêve si, de temps en temps, on pouvait ouvrir l’œil.
Sacha Guitry – Il n’y a pas de belle mort. Il y en a qui sont belles à raconter – mais, celles-là, ce sont les morts des autres.
Paul Claudel – La mort est une formalité désagréable, mais tous les candidats sont reçus.
Henry de Montherlant – Il n’y a qu’une préparation à la mort : elle est d’être rassasié.
Louis-Ferdinand Céline – Quand on n’a pas d’imagination, mourir c’est peu de chose. Quand on en a, c’est trop.
Jean Anouilh – Mourir, ce n’est rien. Commence donc par vivre. C’est moins drôle et c’est plus long.
Woody Allen – Ce n’est pas que j’ai peur de mourir. Je veux seulement ne pas être là quand ça arrivera.
Pierre Desproges – Toute la vie est affaire de choix. Cela commence par « la tétine ou le téton ? ». Et cela s’achève par « le chêne ou le sapin ? »

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