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L’EfG présente un bilan de l’activité 2002 « très positif »

4 novembre 2003, Le Quotidien du Médecin

Un entretien avec la directrice générale de l’Etablissement français des greffes

Carine Camby, qui a remplacé le Pr Didier Houssin à la direction générale de l’Etablissement français des greffes (EFG), présente au « Quotidien » le bilan de l’activité pour 2002. Cette ancienne conseillère référendaire à la Cour des comptes se prépare à relever les futurs défis qui attendent l’établissement public.

Que peut-on retenir du bilan de l’activité de l’EFG en 2002 ?

Il y a plusieurs points. Concernant tout d’abord l’évolution du taux de prélèvement, nous avons atteint quasiment l’objectif que nous nous étions fixé au début du plan greffe (en 2000) d’atteindre 20 prélèvements par million d’habitants. Fin 2002, nous avons atteint précisément 19,6 prélèvements par million d’habitants c’est-à-dire 1 198 personnes prélevées (il faut savoir que chaque prélèvement multiorganes peut conduire à trois ou quatre personnes greffées. C’est une très bonne nouvelle pour l’EFG. L’évolution du nombre de greffes est également positive, puisque, en 2002, nous comptons un peu plus de 3 600 greffes. On retrouve le niveau de greffe qui était celui du début des années 1990, avant la crise de confiance que nous avons connue. Nous n’étions qu’à 2 800 greffes par an en 1997. Cette évolution tient bien sûr à une bonne alimentation en greffons, mais aussi à une bonne organisation hospitalière. Le bilan global est très positif. Il reste toutefois un bémol : l’augmentation faible mais régulière du nombre de patients en liste d’attente. Cela veut dire que l’on a beau faire des efforts pour augmenter le taux de prélèvement et le nombre de greffes, l’indication de greffe continue d’augmenter. Si l’on prend la file active des patients en attente de greffe, il y a 4 500 nouveaux inscrits tous les ans, ce qui fait un groupe, en fin d’année 2002, de 6 500 patients inscrits en liste d’attente.

Quelles sont les perspectives pour l’année à venir ?

La première, c’est de maintenir ce taux de prélèvement, qui reste un indicateur très important et qui subit, en 2003, l’impact de la diminution, d’ailleurs très heureuse, du nombre des décès par accident de la route. Nous n’en sommes évidemment pas les seuls responsables, puisque les prélèvements sont réalisés dans les hôpitaux sous leur responsabilité. Le rôle de l’EFG est cependant important pour renforcer cette activité et nous comptons évidemment continuer à inciter les équipes, notamment les services de réanimation, à mieux recenser les donneurs potentiels. Je crois que l’on peut encore faire des progrès dans ce domaine. Le deuxième objectif est de pérenniser les moyens que nous avons obtenus dans le cadre du Plan greffe : les coordinations hospitalières qui ont été renforcées par des créations de postes (170 environ) doivent se structurer et s’intégrer dans un réseau de prélèvement qui soit bien identifié, afin de faciliter le recensement et le prélèvement. Le troisième objectif que l’on poursuivra l’année prochaine est la communication grand public. Il est vrai que de plus en plus de personnes sont informées sur la possibilité de donner, cependant, le taux de refus reste stable, aux alentours de 30 %. Manifestement, les déterminants de ce taux de refus sont extrêmement difficiles à modifier. Pour le moment, nous n’allons pas modifier le message que l’EFG diffuse depuis deux ans et qui est d’inciter le public à prendre position et à la faire connaître à leurs proches. Mais, parallèlement, nous allons mener des études pour mieux comprendre les raisons du refus.

Enfin, je voudrais que l’EFG se réoriente vers les équipes de greffe qui connaissent des difficultés liées à l’organisation hospitalière générale. Nous avons fait un premier travail sur le rein pour que les moyens qui sont nécessaires aux équipes de transplantation soient correctement évalués et que leur organisation soit expertisée. Il y a notamment un problème qui émerge concernant la cohorte de patients en suivi postgreffe. Aujourd’hui, ce suivi n’est pas réglé dans de bonnes conditions. Nous souhaitons aller vers la création de postes d’infirmière de transplantation qui aient la possibilité d’assurer, jusqu’à un certain niveau, le suivi des patients.

En tant que nouvelle directrice générale de l’EFG, comment percevez-vous votre mission ?

Contrairement à mon prédécesseur, je ne suis pas médecin. De par ma formation je connais cependant bien le droit et l’économie du secteur sanitaire et social, que j’ai enseigné pendant près de dix ans à l’IEP de Paris. J’ai un profil d’administrateur qui a été choisi en fonction de l’évolution à laquelle l’EFG va bientôt être confronté : la loi de bioéthique (en révision actuellement) prévoit en effet que l’établissement serve de support à la future agence de biomédecine. Dans ce cadre, le fait d’avoir une formation administrative apparaît comme un plus. J’ai déjà été amenée à monter de gros projets, par exemple, en 1993, lors de la création de La Cinquième. Le travail d’impulsion et de coordination est primordial entre les aspects juridiques, budgétaires, mais aussi médico-techniques et de recherche. Je trouve qu’il s’agit d’un projet absolument passionnant, avec un enjeu éthique et médical que l’on n’a pas souvent l’occasion de rencontrer dans la sphère publique. Je me vois surtout comme quelqu’un qui peut animer des équipes, fédérer les efforts des uns et des autres, et faire en sorte que tout fonctionne bien pour que les objectifs qui nous sont fixés soient atteints, c’est-à-dire que l’EFG aujourd’hui, et l’agence de la biomédecine demain, remplissent au mieux leurs missions.

Propos recueillis par Stéphanie HASENDAHL

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