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Irak : La guerre empêche l’accès à la dialyse

10 avril 2003, Globe Staff

Traduction de l’article de David Filipov

Ashiriyan, Irak – Les jours heureux sont trop courts, dit un proverbe kurde.

La jeune Amira Abdul Aslan, n’ira pas le contredire.
mardi matin, c’est une vague de tristesse qui a accueilli l’aube naissante, quand elle est morte à l’âge de 29 ans.
Aslan n’a pas été victime des combats. Elle est morte d’insuffisance rénale. Mais c’est bel et bien la guerre qui a mis un terme à sa courte vie.

Aslan est née en 1974, à l’heure où les soldats iraquiens fêtaient leur victoire sur une tentative d’insurrection des kurdes, encouragée par Washington.
Son destin a été scellé il y a une vingtaine de jours, quand l’armée iraquienne a fermé l’accès à Mosul, une ville située au nord de Bagdad, toujours sous contrôle du régime de Sadam. Aslan n’a plus été en mesure de rejoindre la machine de dialyse qui la maintenait en vie.

Il y a un an, Aslan était une jeune femme heureuse, mariée depuis peu et enceinte de son premier enfant. Puis tout est allé de travers…

De l’hypertension, une atteinte rénale et une fausse couche plus tard, elle a dû retourner vivre chez ses parents. Son époux ne s’estimait pas en mesure de lui prodiguer les soins nécessaires.

Le plus âgé de ses trois frères, Abdulrazaq Abdullah Ismail Botani, 36 ans, savait qu’elle aurait besoin d’une greffe. Sa grande famille regorgeait de donneurs potentiels, mais aucun hôpital kurde du Nord de l’Iraq n’était équipé pour pratiquer l’opération. Le coût financier d’une greffe aurait de plus été trop lourd à assumer. Les maigres moyens des parents d’Aslan permettaient tout juste de financer une dialyse hebdomadaire… La guerre a mis fin à cette possibilité.

Les médecins d’Erbil, la capitale kurde, ont tenté de lui venir en aide. Mais il n’avaient pas de quoi la dialyser.
“Lundi dernier, les docteurs ont dit qu’ils ne pouvaient plus rien faire” raconte Botani. “Quand je suis rentré du travail, elle était mourante. Nous avons prié toute la nuit.”
Toute la famille a pleuré Aslan mardi matin. Puis les femmes ont lavé son corps avec de l’eau tiède, l’ont enveloppée dans un linceul et l’ont emmenée à la mosquée, où une prière a été dite. Plus tard, les hommes se sont tenus silencieux à côté de sa tombe, avant de rejoindre le village.

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