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Don d’organes : une réflexion franco-tunisienne

18 avril 2003, Le Quotidien du Médecin

Sous le haut patronage du président de la République de Tunisie et des ministres de la Santé français et tunisien, une soirée-débat a réuni, au Sénat, des médecins des deux pays pour réfléchir aux questions éthiques posées par le don d’organes.

Même si la loi française sur le don d’organes devrait subir quelques modifications dans les prochaines semaines, la Tunisie dispose d’un cadre réglementaire comparable à celui de la France.
La première greffe rénale a eu lieu en 1986 ; la loi tunisienne autorise depuis 1991 le prélèvement sur un donneur vivant sous certaines conditions et le prélèvement sur un cadavre en l’absence du refus du donneur de son vivant, s’il n’y a pas d’opposition des membres de la famille. En 1999, un décret a institué la possibilité d’inscrire la mention de donneur sur la carte d’identité nationale tunisienne. Pourtant, les greffons disponibles sont encore très insuffisants pour répondre à la demande de transplantations.

Le poids des traditions

A l’instar de la religion catholique, l’islam ne s’oppose pas et même encourage le don d’organes. Il a reconnu la notion de mort cérébrale. « Beaucoup de gens s’attachent aux coutumes et aux traditions plus qu’aux règles religieuses », explique le Pr Mohamed Gueddiche, président de l’Association tunisienne de don d’organes.

En 2001, sur 75 cas de morts cérébrales déclarées, 9 seulement ont fait l’objet d’un prélèvement. En revanche, pour les greffes rénales, 443 transplantations ont été réalisées depuis 1986 avec une moyenne annuelle stable. Les greffons proviennent surtout de donneurs apparentés vivants.

Pour faire évoluer les mentalités, l’association tunisienne de sensibilisation aux dons d’organes, organisme non gouvernemental, a été créée il y a quatre ans ; elle s’efforce de familiariser la population et de l’inciter au don d’organes.
Les problèmes éthiques se posent également pour le receveur. « Tous les receveurs risquent de faire l’objet d’une discrimination. L’équité lors de l’attribution se pose avec encore plus d’acuité lorsque la demande excède largement les possibilités », explique le Pr Béchir Hamza, président du Comité national d’éthique médicale à Tunis. Pour garantir l’égalité des patients, le choix des critères d’attribution est confié au Centre national pour la promotion de la transplantation d’organes. Le CNPTO participe à la formation des cadres médicaux et paramédicaux intervenant dans les prélèvements et participe à un programme de coopération avec l’Etablissement français des greffes (EFG).
« La Tunisie a su se doter d’un cadre éthique et réglementaire qui prend en compte les grands principes de gratuité de don, de respect du corps et d’anonymat du donneur et du receveur en cas de prélèvement sur donneur décédé, souligne le Dr Esmeralda Luciolli, chargée des projets de coopération à l’EFG. L’adhésion de la Tunisie à ces grands principes a permis de mettre en place une intense coopération franco-tunisienne dans le domaine du prélèvement et de la greffe d’organes et de tissus, avec le soutien du ministère français des Affaires étrangères. »

Véronique HUNSINGER

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