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Insuffisance rénale chronique : le dépistage se met en place dans les laboratoires

24 avril 2003, AFIDTN

Les quelque 4.000 laboratoires d’analyses biologiques en France ont commencé à mettre en place le calcul de la clairance de la créatinine par la formule de Cockcroft afin de dépister des insuffisances rénales chroniques débutantes, a-t-on appris auprès des syndicats représentant la profession.

Cette mesure s’inscrit dans un accord national de bon usage des soins (AcBUS) avec l’assurance maladie, prévu dans un avenant à la convention nationale des directeurs de laboratoire privé d’analyse médicales, publié au Journal officiel du 27 février.Reprenant les recommandations de l’Anaes (cf dépêche APM du 24 février), l’accord rappelle que la créatininémie ne permet pas à elle seule de dépister toutes les insuffisances rénales et qu’il faut “impérativement” l’associer à la clairance de la créatinine par un calcul qui tient compte de l’âge, du sexe et du poids du patient, c’est-à-dire la formule de Cockcroft.

Environ 20% des créatininémies normales masquent une insuffisance rénale chronique débutante, rappelle-t-on.

Les trois syndicats signataires de l’accord -le Syndicat des biologistes, le Syndicat national des médecins biologistes et le Syndicat des laboratoires de biologie clinique- ont commencé à utiliser la formule de Cockcroft, a-t-on appris auprès de leur président.

UNE SIMPLE MODIFICATION DANS LES LOGICIELS

Les 2.000 laboratoires adhérents au Syndicat des biologistes calculent la clairance de la créatinine depuis jeudi 27 mars, comme le prévoit l’accord (la date d’effet a été fixée à un mois après la publication), assure à l’APM son président, Jean Benoît.
Le Dr Claude Cohen indique pour sa part qu’il a envoyé un courrier aux 700 adhérents du Syndicat national des médecins biologistes qu’il préside, leur demandant de faire le nécessaire.
Il a juste fallu enregistrer la formule de Cockcroft dans les logiciels informatiques qu’utilisent les laboratoires, “ce qui est techniquement assez simple”, ajoute Jean-Claude Mas, président du Syndicat des laboratoires de biologie clinique (600 biologistes adhérents), interrogé lui aussi par l’APM.

Il suffit ensuite de demander aux patients leur poids et d’intégrer ce paramètre, en plus de l’âge, du sexe et de la créatininémie, pour que les logiciels calculent automatiquement la clairance de la créatinine, explique-t-il.
Le calcul est fait pour toutes les personnes de 14 à 18 ans qui se sont fait prescrire une créatininémie, précise Jean Benoît. Cependant, certains patients échappent au dépistage, par exemple lorsque les laboratoires reçoivent des prélèvements effectués par des infirmières en zone rurale, fait observer le Dr Cohen.

Il est en outre pas toujours facile de demander aux patients leur poids, en particulier les femmes, d’autant plus que, pour le moment, les biologistes n’expliquent pas spontanément l’intérêt de fournir cette information, ajoute Jean Benoît.

Des précisions sont données lorsque les patients le demandent et l’accord prévoit que les biologistes mentionnent la clairance de la créatinine dans les comptes-rendus d’analyse et qu’ils informent, “si nécessaire”, les médecins en cas de résultats anormaux.

Mais il revient aux médecins prescripteurs d’interroger les patients au cours de la consultation et de leur exposer les bénéfices attendus de cette démarche, estime Jean Benoît.

L’accord prévoit que les caisses d’assurance maladie mettent en place une campagne d’information en direction des biologistes et des médecins, mais “elles sont en retard”, note-t-il.

UNE CAMPAGNE DE L’ASSURANCE MALADIE AUPRES DES MEDECINS EN MAI

Les supports de cette campagne nationale, qui doit démarrer “en mai”, sont en cours de validation, indique-t-on à la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM). Le retard est lié à l’élaboration des modalités pratiques de cette campagne, précise-t-on.
Des courriers, précisant les recommandations de l’Anaes et la formule de Cockcroft, vont être envoyés aux médecins généralistes prescripteurs pour les inciter notamment à demander aux patients leur poids et aux laboratoires à le faire lorsque cette information ne figure pas sur l’ordonnance.

Les caisses primaires vont également recevoir des documents de support pour organiser des actions de sensibilisation au niveau local.

La CNAM a diffusé cette semaine une circulaire précisant qu’elle pouvait fournir des documents aux médecins et aux biologistes qui souhaitent avoir des informations sur la mise en oeuvre de l’accord, ajoute-t-on à la CNAM.

Les 120.000 médecins membres des Unions régionales des médecins libéraux (URML) sont, depuis trois semaines, informés de l’intérêt de la formule de Cockcroft et incités à indiquer le poids des patients chaque fois qu’ils prescrivent une créatininémie, rappelle le président de la conférence des présidents des URML, le Dr Patrick Brézac (cf dépêche APM du 13 mars). Ils ont reçu une brochure éditée en partenariat avec la Fédération nationale d’aide aux insuffisants rénaux (FNAIR).

L’accord prévoit également que les partenaires suivent périodiquement la mise en place du dispositif “par l’analyse quantitative des comptes rendus des analyses” et de réaliser des statistiques sur le nombre d’insuffisants rénaux ainsi détectés, en vue notamment de déterminer le montant des éventuelles économies réalisées grâce à un dépistage plus précoce.

L’impact de cette mesure sur le recours tardif des patients au néphrologue, c’est-à-dire au stade de l’insuffisance rénale chronique terminale (30% des 7.000 nouveaux cas enregistrés chaque année), il pourrait être évalué dans les régions où est déjà installé le Réseau épidémiologie et information en néphrologie (REIN), estime le Dr Christian Jacquelinet, coordinateur national de ce projet.

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