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Le don d’organes reste suspendu au oui

26 mai 2003, Le Quotidien du Médecin

Un mois avant la Journée nationale de réflexion sur le don d’organes, organisée le 22 juin, la Fédération des associations pour le don d’organes et de tissus humains (ADOT) prépare le terrain de la sensibilisation de l’opinion publique.

Parmi tous les orateurs : le Pr Christian Cabrol – qui a réalisé, en 1968, la première greffe du cœur en Europe -, Chantal Biccochi, la présidente de l’Association française des coordinateurs hospitaliers de prélèvement, et Marie-Claire Paulet, présidente de France ADOT, Angélique de Lezardière est incontestablement celle qui parle le mieux du don d’organes.

Lors d’une conférence de presse organisée par France Adot pour sensibiliser l’opinion, un mois avant la Journée nationale de réflexion sur le don d’organes, le 22 juin prochain, la jeune femme de 20 ans, greffée du foie, s’est prêtée avec simplicité au jeu du témoignage. Et ce n’est pas tant son histoire qui frappe les esprits que son sourire épanoui. Greffée à l’âge de 4 ans, parce qu’elle souffrait d’une atrésie des voies biliaires, Angélique, qui arbore un grand pendentif en forme de cœur, n’a que peu de souvenirs des diverses opérations qu’elle a dû subir avant de recevoir son nouveau foie. « C’est en octobre 1987 que j’ai eu la chance que quelqu’un me donne son foie, raconte-t-elle. Je lui serai éternellement reconnaissante. J’estime que j’ai une chance incroyable. Je prends des immuno-suppresseurs mais j’y suis habituée : c’est comme me brosser les dents. » Angélique anticipe les questions sur sa scolarité : elle vient juste de passer le concours d’HEC. « Je suis très heureuse de vivre. Je me rends compte du prix de la vie », poursuit-elle. Chantal Biccochi, qui assure la coordination du prélèvement d’organes à l’hôpital Beaujon (AP-HP), évoque la difficulté de parler du don d’organes aux familles confrontées brutalement à la mort, à la particularité de la mort encéphalique qui mime la vie et emprunte la régularité des mouvements respiratoires. « Il y a une scission très importante entre les activités de prélèvement et de transplantation, explique-t-elle. Mais nous avons parfois la chance de rencontrer quelqu’un comme Angélique. C’est notre récompense », assure-t-elle. Pour les coordinateurs hospitaliers du prélèvement, le recueil de la volonté du défunt se révèle d’autant plus difficile quand la famille l’ignore. La volonté se déduit alors du mode de vie de la personne, de sa philosophie. Paradoxe : si 90 % des Français se disent en faveur du don, seulement 24 % d’entre eux ont fait connaître leur décision. Or, l’enjeu de la greffe dépend de la transmission de cet avis : c’est à la famille qu’il reviendra de témoigner de la volonté du défunt. « Nous demandons toujours le témoignage de la famille, et cela même si le défunt portait sur lui une carte de donneur », précise Chantal Biccochi.

Chaque année, en France, plus de 3 600 personnes bénéficient d’une greffe d’organes. La journée du 22 juin 2003 sur le don d’organes, organisée par l’Etablissement français des greffes, a pour but d’inviter chacun à faire connaître sa position, positive ou négative, à sa famille. En France, le taux de refus est encore trop élevé (environ 32 %), souvent parce que la famille ne connaît pas la volonté du défunt. Une campagne radio sera diffusée du 18 au 22 juin. Le 22, un grand événement symbolique délivrant un message d’espoir pour les 10 000 malades en attente de greffe se déroulera à Paris et dans 27 autres villes de France. Sur une place centrale, les Français seront invités, dans un geste de solidarité, à venir allumer 1000 bougies. En parallèle, 400 000 professionnels de santé travaillant dans les hôpitaux qui pratiquent des greffes seront personnellement informés sur les activités de prélèvement et de greffe et sur l’engagement de chacun dans la chaîne continue où interviennent de nombreux métiers jusqu’à l’aboutissement du prélèvement et de la greffe.

Stéphanie HASENDAHL

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