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L’Académie des sciences recommande de favoriser les travaux de recherches sur la xénotransplantation

24 janvier 2003, Académie des Sciences

L’Académie des sciences recommande, dans un rapport sur les biothérapies rendu public vendredi, de favoriser les travaux de recherches sur les grands mammifères, notamment le porc, susceptibles de devenir des donneurs de cellules et d’organes.

Le recours à des organes animaux pour pallier le manque crucial de greffons en médecine humaine est apparu une piste intéressante, mais son application clinique a été freinée par les risques de rejet hyperaigu et de zoonoses, a estimé le Pr Moshe Yaniv de l’Institut Pasteur et membre de l’Académie des Sciences, principal auteur de ce rapport.

Pourtant, les récentes avancées dans les techniques de transfert de gènes et les nouvelles méthodes de sélection des animaux donneurs devraient relancer l’intérêt de cette technique, a-t-il expliqué, reprenant le chapitre développé par le Pr Alain Carpentier, professeur à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris et membre de l’Académie des sciences.

Ainsi, le risque de rejet hyperaigu est en voie d’être maîtrisé avec le développement de “manipulations génétiques du donneur ou de l’organe lui-même afin de les rendre moins sensibles aux anticorps préformés”, note par exemple ce dernier dans le rapport.

Quant au risque de transmission d’agents pathogènes de l’animal à l’homme, il “suscite encore bien des craintes”, mais là encore les récents progrès en thérapie génique, une meilleure connaissance des risques infectieux et une meilleure maîtrise de leur prévention “font naître de nouveaux espoirs”, estime le Pr Carpentier.

La disposition de porcs transgéniques permet d’envisager d’utiliser ces animaux non seulement comme donneurs d’organes, mais aussi comme donneurs de tissus, de cellules ou de matériaux biologiques pour reconstituer des tissus ou apporter une assistance fonctionnelle transitoire (foie, greffes d’îlots de Langerhans…), explique-t-il.

Les progrès récents “autorisent le développement de programmes de recherche sur la xénotransplantation en vue d’applications humaines soigneusement contrôlées et réalisées par étapes successives”, précise-t-il.

Selon lui, les travaux de recherche dans ce domaine doivent être “vivement encouragés”, car la xénotransplantation figure par les thérapeutiques nouvelles les plus utiles. Mais en même temps, il reconnaît qu'”aucune n’est plus contestée”, évoquant des problèmes éthiques.

Notant que la greffe d’organes d’animaux deviendra une importante source de profits pour les compagnies de biotechnologie, le Pr Carpentier se demande par exemple “comment résister aux pressions du marché, à quels malades réserver un allotransplant gratuit et probablement moins bien toléré et à quels autres un xénotransplant coûteux”.

“Toutes ces questions et bien d’autres devront être analysées par des comités d’éthique et les applications contrôlées par les agences de sécurité sanitaire”, suggère-t-il.

Il souhaite également que la vingtaine d’équipes identifiées travaillant sur la xénotransplantation en France reçoive une aide pour que “leurs actions soient coordonnées au niveau français et européen”.

“Faute d’être partie prenante, notre pays, soumis à la double pression des offres commerciales et des besoins en organes, serait exposé à des pratiques mal contrôlées venues d’ailleurs”, prévient le Pr Carpentier.

(“De la transgenèse animale à la biothérapie chez l’homme”, Rapport de l’Académie des sciences nø14, Ed. Tec & Doc, 200 pages, xénotransplantation, pp.53-69)

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