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Un plan gouvernemental ambitieux

30 septembre 2001, Le Monde

Bernard kouchner, le ministre délégué à la santé, a annoncé, le 22 septembre à la Sorbonne, un plan triennal d’action sur l’insuffisance rénale chronique. Exposé en huit grands chapitres, il concerne la prévention ; la mise en place d’un observatoire pour connaître la situation et les besoins des personnes en insuffisance rénale ; la régionalisation et la redéfinition des soins de dialyse ; la promotion de la qualité des soins ; la réinsertion sociale et professionnelle des dialysés ; l’amélioration de l’accès à la greffe de rein ; le développement de la recherche clinique et l’amélioration de la situation démographique des néphrologues.

Il s’agit d’un programme ambitieux, à la mesure des coûts du traitement de l’insuffisance rénale qui représentent 1% de l’ensemble des coûts de santé.
“Il est décidé de développer le Réseau épidémiologie et information en néphrologie (REIN), avec un budget annuel de l’ordre de 8 millions de francs”, lit-on dans le projet. Cette étape est indispensable pour redéfinir la régionalisation et l’organisation des soins.

La planification actuelle de l’hémodialyse basée sur la “carte sanitaire” sera remplacée par “un mécanisme de régulation de l’offre de soins en dialyse” reposant sur le nombre de malades et non plus sur le nombre d’appareils autorisés. Le souhait du gouvernement est aussi “de développer la dialyse péritonéale, qui n’est utilisée que chez 7 % à 14 % des malades. Son accès par les personnes âgées est un vrai problème, admet Bernard Kouchner. Je souhaite que cette technique prenne toute sa place, comme en Angleterre ou au Canada (30 % et 50 % des malades). Les comités régionaux de suivi de la dialyse que je mets en place joueront dans ce domaine un rôle crucial”.

Greffes entre vivants

Faciliter l’accès au traitement par l’érythropoïétine (EPO) est aussi une priorité car il améliore remarquablement la qualité de vie des insuffisants rénaux en supprimant la fatigue due à l’anémie. L’EPO sera sans doute accessible en pharmacie, sur prescription hospitalière. Enfin, la greffe de rein constitue pour beaucoup de personnes en insuffisance rénale terminale la meilleure solution thérapeutique. Mais les greffons sont rares, et augmenter très sensiblement leur nombre est devenu un impératif de santé publique (Le Monde du 25 juin).

Le gouvernement désire aussi favoriser la greffe de rein à partir de donneurs vivants. “Nos chirurgiens ne sont pas très enclins à ces prélèvements ; ils sont réticents à l’idée de prendre le moindre risque pour le donneur ; il y va pourtant de la vie de centaines de receveurs. La médecine est un art difficile et les problèmes éthiques qu’elle soulève de plus en plus fréquents, commente le ministre. Les obstacles aux prélèvements à partir de donneurs vivants sont d’abord dans les mentalités et la culture du corps social et du corps médical.”

Le danger de diminution rapide du nombre de néphrologues risque de rendre difficile l’application du plan. “L’orientation prise aujourd’hui est de former les médecins en fonction des besoins régionaux. La création de l’observatoire de la démographie médicale contribuera à aider les pouvoirs publics dans leurs choix.”

Ce plan très complet a été élaboré après consultation de l’ensemble des acteurs du secteur, malades et médecins. L’examen de sa mise en œuvre sera sans doute aussi pointilleux.

E. Bx

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