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Trois voies de recherche pour la tolérance des organes transplantés

La tolérance de l’organe transplanté reste le Graal de la transplantation, rappelle le Pr Yvon Lebranchu*, vice-président du dernier congrès de l’ESOT, même si d’énormes progrès ont été réalisés dans ce domaine. Ce spécialiste évoque les voies de recherche pour obtenir la tolérance de l’organe. On s’intéresse en particulier aux patients (rares) qui ont arrêté spontanément leur traitement et qui vont bien.

DES ORGANES transplantés sont en place et fonctionnent depuis maintenant trente à quarante ans. Le revers de la médaille étant représenté par les traitements immunosuppresseurs, pris depuis une durée égale, et qui ne sont pas dénués d’inconvénients. Ces produits diminuent les réponses immunitaires de façon non spécifique.

L’espoir en transplantation et de parvenir non pas à bloquer globalement la réponse immunitaire, mais à la dévier de manière à ce que la greffe soit tolérée comme un organe du soi.

Il existe trois stratégies complémentaires à l’étude. On tente de :

• Mieux comprendre comment sont générées et comment fonctionnent les cellules qui empêchent l’organisme d’agresser ses propres organes. Les cellules T régulatrices (anciennes cellules T suppressives) sont maintenant mieux caractérisées et très étudiées en médecine. Ces cellules sont déficientes en cas de maladie auto-immune ou allergique. On essaie de les inhiber pour stimuler une réponse antitumorale en cancérologie. Dans le cadre de la transplantation, on s’efforce de comprendre comment on peut agir sur elles pour bloquer la réponse contre l’organe. En complément, on tente d’obtenir des lymphocytes B qui pourraient bloquer la production d’anticorps contre le greffon.

• Utiliser des stratégies thérapeutiques de façon à faire tolérer l’organe sans continuer à donner des immunosuppresseurs. Des résultats très encourageants sont obtenus en associant plusieurs molécules qui inhibent les signaux de costimulation des lymphocytes T. Chez le singe, on s’approche d’une induction de tolérance. Des résultats de phase III ont été présentés au congrès de l’ESOT avec le Belatacept, une protéine recombinante qui inhibe le second signal d’activation des lymphocytes T. Une efficacité égale au meilleur immunosuppresseur est montrée. En associant une autre molécule, l’Alafacept, on a des résultats intéressants, avec une survie très prolongée après avoir arrêté tout traitement. Les études sur la tolérance doivent être réalisées.

• Rechercher les gènes qui sont activés dans le sang et le greffon chez les sujets qui ont arrêté tout traitement immunosuppresseur et qui vont bien. Évidemment, il n’est pas question de recommander l’arrêt du traitement. Mais il se trouve que certains patients arrêtent spontanément leurs immunosuppresseurs sans qu’il y ait rejet du greffon. Quelques dizaines de ces patients existent dans le monde, plutôt des greffés du foie. Une équipe espagnole les étudie tout particulièrement. Ce qui est intéressant est que l’on a pu isoler une signature moléculaire chez ces greffés qui vont bien sans immunosuppresseurs. Les analyses sont menées chez trois types de patients : ceux qui vont bien avec ou sans traitement immunosuppresseur et ceux qui sont en situation de rejet chronique malgré le traitement immunosuppresseur (et qui sont en train de perdre progressivement leur greffon). Il est important de comprendre pourquoi ils ont cette signature. Et puis on va rechercher si cette signature existe chez d’autres patients, et s’ils peuvent être candidats à ce que l’on arrête le traitement immunosuppresseur.

* Service de néphrologie et immunologie clinique, CHRU de Tours (hôpital Bretonneau).

 

Le Quotidien du Médecin du : 09/09/2009

 

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