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Identification des équipes de greffe rénale ayant une durée d’ischémie froide significativement supérieure à la moyenne nationale

Contexte.– La durée d’ischémie froide (DIF) des organes prélevés est le délai pendant lequel le greffon est réfrigéré. Il a été montré que le risque d’échec de la greffe augmente avec l’augmentation de la DIF, soit une augmentation de 30 % d’échec de la greffe à 1 an lorsque la DIF est>=24 heures.

En France, la DIF varie de 15 à plus de 25 heures selon les équipes de greffe. Or il existe un potentiel d’amélioration important qui a été mis en évidence par les équipes engagées dans un processus d’amélioration de la qualité des soins, qui ont réussi à faire diminuer leur DIF moyenne de 25 à 15 heures. Dans un contexte de pénurie des greffons, chaque année de survie de greffon gagnée est un potentiel de greffe supplémentaire pour les candidats en attente de greffe. L’objectif de ce travail était d’identifier les équipes ayant une DIF significativement supérieure à la moyenne nationale. Or il existe de nombreux facteurs de risque d’augmentation de la DIF, indépendamment des équipes.

Méthode .– Pour ajuster sur ces facteurs de risque et rendre les équipes comparables entre elles et à la moyenne nationale, une analyse statistique univariée et multivariée a été réalisée. Les facteurs de risque analysés concernent les caractéristiques des donneurs, des receveurs et de la greffe. La DIF moyenne attendue dans les équipes, après ajustement sur les facteurs prédictifs propres à chaque greffe, a été comparée à la moyenne nationale. Un modèle linéaire généralisé a été utilisé, en tenant compte des effets de cluster (SAS V9.2). L’ensemble de toutes les greffes rénales réalisées de 2000 à 2006 en France ont été incluses dans l’analyse à l’exclusion des certaines greffes particulières.

Résultats .– Au total, 13 739 greffes ont été analysées, le DIF moyenne était de 20,8 heures, 125 DIF étaient manquantes ou aberrantes. L’analyse multivariée a mis en évidence 13 facteurs de risque, dont deux pourraient faire l’objet d’actions correctrices. La DIF est significativement augmentée lorsque les donneurs sont qualifiés de « donneurs limites », ainsi que lorsque l’entrée au bloc de prélèvement se situe entre 8 et 16 heures.

Sur les 40 équipes de greffe françaises, 10 avaient une DIF significativement supérieure à la moyenne nationale dont 4 dans l’interrégion Sud-Est.

Discussion .– À la suite de ces résultats, des actions seront mises en place dans les interrégions et les équipes afin d’optimiser l’efficacité de la chaîne de transfert des greffons du lieu de prélèvement à celui de la greffe. Une réflexion est engagée au sein de l’Agence de la biomédecine, en collaboration avec les professionnels de la greffe, pour améliorer l’attribution des greffons limites.

Les différentes équipes ont des types de recrutement de malades qui sont parfois très différents, les équipes les plus actives ont souvent les malades les plus difficiles à prendre en charge.

Une comparaison non ajustée de leur activité peut conduire à des conclusions erronées. Sans l’ajustement des DIF moyennes sur ses facteurs de risque d’augmentation, il aurait été plus difficile de convaincre les équipes de greffe de la pertinence d’une action correctrice de leurs pratiques.

Revue d’Epidémiologie et de Santé Publique
Volume 57, numéro S1
page 48 (mai 2009)

M. Pousset, E. Savoye, B. Loty, Agence de la biomédecine, Saint-Denis La Plaine, France

 

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