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Les atouts de la dialyse péritonéale couplée à la télésurveillance

Le transport sanitaire vers des centres spécialisés représente 20 à 25 % du coût global du traitement des dialysés. Sur les 30?000 dialysés en France, seuls 10 % le sont chez eux. Il faut donc, estime le Dr Pierre Simon, favoriser la dialyse péritonéale à domicile. Son couplage à une télésurveillance améliore le suivi et diminue le risque de complications.

« EN L’ESPACE de trente ans, la population des dialysés s’est transformée. Nous ne sommes plus dans la situation de l’hémodialysé jeune, atteint d’une pathologie rénale unique et en attente de transplantation. La moyenne d’âge des dialysés est actuellement de 72 ans. Ces patients sont atteints de plusieurs pathologies chroniques et ne seront jamais transplantés », annonce le Dr Pierre Simon. Et leur nombre ne fait que progresser dans tous les pays industrialisés.

Le transport sanitaire vers des centres de dialyse représente 20 à 25 % du coût global du traitement. Effectuer le traitement par dialyse au domicile réduit les coûts et améliore la qualité de vie sociale. C’est ce que permet la dialyse péritonéale. Mais on est loin du compte. Sur les 30?000 dialysés en France, seuls 10 % sont traités avec cette méthode. Celle-ci est simple.

La dialyse péritonéale (DP) utilise le péritoine comme membrane filtrante pour nettoyer le sang de ses déchets. Elle nécessite la pose d’un cathéter au niveau de l’abdomen, dans la région de l’ombilic. C’est par ce tuyau qu’on remplit la cavité abdominale avec un liquide (dialysat) livré dans une poche conditionnée pour ce traitement. Ce liquide va se charger progressivement des déchets produits puis est drainé hors de l’organisme.

Il existe deux modalités principales de DP. La première est la dialyse péritonéale continue ambulatoire qui consiste à renouveler les poches de dialysat trois à quatre fois dans la journée. Chez les patients âgés, moins aptes à l’apprentissage des manipulations, le renouvellement des poches est effectué par une infirmière. La vie sociale des patients est améliorée et la fatigue considérablement diminuée, car dans beaucoup de régions le temps de transport à un centre de dialyse est long.

La deuxième est la dialyse péritonéale automatisée. Elle est réalisée la nuit à l’aide d’une machine qui va effectuer automatiquement le renouvellement du dialysat pendant environ une huitaine d’heures. Cette technique s’adresse, en particulier mais pas exclusivement, aux patients autonomes qui peuvent prendre en charge complètement leur traitement. Elle présente l’avantage de laisser plus de liberté et est plus compatible avec une activité professionnelle ou sociale de jour, notamment chez les jeunes en attente de transplantation.

Une surveillance hospitalière en temps réel.

Mais la DP à domicile n’est qu’une facette du traitement des insuffisants rénaux chroniques.

« Dans les régions françaises où la densité des néphrologues est insuffisante la télésurveillance est un atout majeur », souligne le Dr Pierre Simon, coauteur d’un rapport ministériel sur la télémédecine.

C’est d’ailleurs assez simple à comprendre. Lors d’une dialyse péritonéale, les 3 à 4 litres de dialysat envoyés dans le péritoine doivent être évacués. Si le drainage est insuffisant, le poids et la PA augmentent, avec les risques de complications. Habituellement, le patient est revu par son néphrologue une fois par mois. L’envoi via Internet des paramètres du suivi à un centre de télésurveillance permet de dépister les complications à temps et de convoquer les patients plus tôt, avant une hospitalisation.

Ce type de surveillance est déjà expérimenté avec le système Diatélic. La télésurveillance des dialysés à domicile est une voie d’avenir importante en termes de qualité de soins et de réduction des coûts.

L’hôpital ne peut plus assumer la prise en charge de toutes les maladies chroniques d’une population vieillissante. Il faut faire face à cette réalité.

Dr MARIE-LAURE DIÉGO-BOISSONNET, le Quotidien du Médecin

D’après un entretien avec le Dr Pierre Simon, ancien chef de service en néphrologie, CH de Saint-Brieuc, Conseiller général des Établissement de Santé et co-auteur avec Dominique Acker du rapport sur la place de la télémédecine dans l’organisation des soins, ministère de la Santé et des Sports. Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins, novembre 2008.

 

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