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La greffe de rein en régression en France, pour la première fois depuis dix ans

altL’Agence de la biomédecine vient d’annoncer les résultats préliminaires de l’activité de prélèvement et de greffe en France en 2009.

Les chiffres du prélèvement d’organes sont en diminution (1 481 donneurs décédés en mort encéphalique ont été prélevés contre 1 563 en 2008).

82 donneurs en moins, soit environ 300 greffes qui n’ont pas eu lieu… Le taux de prélèvement par million d’habitants (23,2) est naturellement en retrait (24,6 en 2008, 35 en Espagne). 

 

 

Les raisons de cette diminution du prélèvement sont multiples : le contexte hospitalier a été très difficile en 2009 et rien ne permet d’espérer que les choses s’améliorent en 2010. Toutes les difficultés organisationnelles ont potentiellement des conséquences graves sur le prélèvement d’organes, activité lourde et complexe qui nécessite une mobilisation sans faille de l’ensemble de ses acteurs.

Il n’en reste pas moins que les disparités géographiques persistent, certains hôpitaux ne prélèvent pas ou très peu. De plus, la mort encéphalique reste un phénomène rare : il a été montré très récemment que le potentiel annuel de donneurs en mort encéphalique en France était d’environ 4000. Nous en recensons actuellement 3000. Or, il en faudrait 11000 pour répondre aux besoins.

Pour la première fois depuis 10 ans, le nombre de greffes rénales diminue (-3,8%) passant de 2 937 greffes rénales en 2008 à 2 826 en 2009. En parallèle, le nombre de patients en attente poursuit son augmentation : 10 664 malades ont eu besoin d’un rein sur l’année !

L’Agence de la biomédecine indique que pour répondre à cette tendance particulièrement inquiétante, elle encourage le développement de prélèvements à partir de donneurs vivants et de donneurs décédés après arrêt cardiaque.

Pourtant, seulement un peu moins de 8% des greffes de rein en 2009 ont été réalisées à partir d’un donneur vivant (223), des chiffres qui à un niveau très faible depuis des années, malgré l’élargissement du cercle des donneurs issu de la loi de bioéthique de 2004 : une performance bien médiocre au regard de nos voisins, comme les Pays-Bas (400) ou le Royaume-Uni (800) !
Seulement 62 prélèvements sur donneur décédé après arrêt cardiaque ont été réalisés en France en 2009, qui ont permis la réalisation de 70 greffes. Des chiffres qui là aussi restent très faibles et peu conformes aux espoirs suscités par le démarrage de ce programme en 2006. 

A quelques mois du débat sur la révision de la loi de bioéthique, ces résultats très décevants renforcent les inquiétudes des patients. 

Leurs attentes sont grandes, les parlementaires sauront-ils mettre de côté leur frilosité et leurs positions timorées pour les prendre en considération et y répondre ? 

Il est également urgent que les pouvoirs publics et l’administration de la santé prennent la mesure de cette question aux conséquences graves, humainement mais aussi au plan économique.

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