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Le recours à la greffe à partir de donneurs vivants a encore baissé en 2009

Le recours à la greffe à partir de donneurs vivants a encore baissé en 2009

Selon le rapport 2009 de l’Agence de la biomédecine, en France, la greffe à partir de donneurs vivants reste faible pour le rein et très marginale pour le foie. En 2009, le recours à la greffe à partir de donneurs vivants a diminué par rapport à 2008.
Les greffes à partir de donneurs vivants sont un moyen de répondre au contexte de pénurie d’organes. Mais en France, l’activité de greffe de rein à partir de donneurs vivants reste limitée, très inférieure à celle des autres pays.Ainsi, 8% seulement des transplantations rénales sont réalisées avec un greffon issu d’un donneur vivant en France, contre 36% aux Etats-Unis, 37% au Canada, 40% au Royaume-Uni et 55% aux Pays-Bas !

Dans son rapport annuel 2009, rendu public le 25 août, l’Agence de la biomédecine pointe le fait qu’en France, la greffe à partir de donneurs vivants reste faible pour le rein et très marginale pour le foie. Et en 2009, elle a encore régressé par rapport à 2008. L’an dernier, 223 greffes de reins ont été réalisées à partir de donneurs vivants apparentés, soit 7,9% des greffes de rein, contre 7,5% en 2008. Ce taux est en diminution constante depuis 2006. Pour le foie, 12 greffes à partir de donneurs vivants ont été recensées en 2009 : soit 1,1% des greffes des foie, contre 1% en 2008.

Un élargissement du cercle des donneurs vivants
Un point positif cependant : la part des nouveaux donneurs vivants de rein issus de l’élargissement du cercle des donneurs autorisés a augmenté en 2009. En 2004, en effet, pour favoriser ce type de greffes, la loi de bioéthique avait élargi le cercle des donneurs vivants d’organes.

« Dans leur très grande majorité, en dépit de l’extension du cercle des donneurs vivants au sein de la parenté introduite en 2004, ces donneurs potentiels appartiennent à la famille au premier degré du receveur : parents, enfants, frères et sœurs, époux », note l’Agence. « Cependant, on observe en 2009 une part plus importante des nouveaux donneurs : grands-parents, oncles et tantes, cousins, personnes justifiant d’une vie commune supérieure à deux ans ». Ils étaient 26 sur 270 (9,6%) en 2009, contre 15 sur 243 (6,2%) en 2008.

Un bilan du suivi des donneurs vivants
L’Agence dresse aussi un bilan du suivi des donneurs vivants entre 2004 et 2009. Pour le foie, le taux de complications chez le donneur, après le prélèvement, s’élève à 41% – dont 8% de complications graves ayant nécessité une ré-hospitalisation. Ce risque explique en grande partie la prudence des équipes de greffe hépatique, d’autant qu’en mars 2007, un décès est survenu chez un donneur deux mois après le prélèvement. Un an après le prélèvement d’un fragment de foie, 8% des donneurs vivants présentent des complications, pour la plupart bénignes.
Pour le rein, le taux de complications chez le donneur est de 31% trois mois après le prélèvement. La plupart de ces complications sont bénignes. Un an après le prélèvement, les complications concernent 5% des donneurs. Elles sont le plus souvent liées à des douleurs cicatricielles.

Des freins logistiques, éthiques, financiers et culturels
Parmi les facteurs susceptibles d’expliquer la baisse du recours au donneur vivant de rein, l’Agence de la biomédecine invoque les nombreuses difficultés à assumer la charge de travail supplémentaire liée à l’évaluation du donneur pour les équipes médico-chirurgicales. Un autre frein, d’ordre éthique, a été identifié chez les différents professionnels impliqués dans la chaîne de l’insuffisance rénale terminale. L’Agence mentionne aussi les difficultés de remboursement des frais engagés par les donneurs vivants.
Dans un colloque organisé à l’Académie de médecine en avril dernier, un frein d’ordre culturel avait aussi été avancé par le Pr Christophe Legendre, néphrologue à l’Hôpital Necker (Paris). « La communauté des néphrologues propose toujours la dialyse comme traitement de référence ! », regrettait-il.

Une des priorités de l’Agence de la biomédecine
Selon Emmanuelle Prada-Bordenave, directrice de l’Agence de la biomédecine, l’activité de greffe à partir de donneur vivant est une des priorités de l’Agence. Pour tenter de lever les freins identifiés, l’Agence étudiera les possibilités de soutien logistique des équipes de greffe. De plus, elle communiquera auprès des professionnels de santé sur les bons résultats des greffes à partir de donneurs vivants. Enfin, elle suivra la mise en œuvre d’un décret paru en février 2009, qui devrait améliorer la prise en charge directe des frais des donneurs et le remboursement de leurs dépenses.
 

Impact Santé – 26/08/2010

 

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