Actualités

Un rein pour la Saint-Valentin

Un rein pour la Saint-Valentin

Marielle vient d’offrir à Érik un rein. Il y avait une petite chance pour qu’elle puisse le faire. Une petite chance aussi pour qu’un homme rencontre, aime et épouse la femme capable de lui offrir une seconde vie.
C’est l’histoire de Marielle et Érik Brochot, 48 et 44 ans. Elle s’écrit à Ugine…
Une rencontre sur leur lieu de travail. Un deuxième mariage. Une famille recomposée avec trois filles, des gendres et un fils à eux deux.
Puis un jour de juillet 2008, l’annonce de la maladie. Une insuffisance rénale. Les deux reins d’Érik ne fonctionnent plus. «J’ai pleuré comme un gosse. J’ai pris un grand coup derrière la tête. Pensé au pire. Mais toute l’équipe médicale m’a soutenu. M’a dit que c’était grave mais qu’il y avait une solution.» La greffe.

«Ce qu’elle a fait, c’est un geste magnifique»

Et au moins deux ans d’attente. Deux ans de dialyse avec au fil des trois séances hebdomadaires, l’insupportable incertitude : y aura-t-il un jour un donneur compatible ?

«Il y a tellement peu de donneurs…» insiste Érik. «Avant j’étais comme tout le monde, je ne le savais pas. Aujourd’hui, je sais ce que cela signifie.» Attendre qu’une personne, victime d’un accident, en état de mort cérébrale, soit compatible. Mais ce n’était pas le destin d’Erik… «Avec un k, parce que j’en suis un.» Vraiment un cas.

La loi autorise les dons d’organe du vivant de la part de parents, de frères et sœurs et depuis peu du conjoint.
Marielle ne s’est pas posé de questions. «Nous avions le même groupe sanguin, c’était un bon point de départ…» Elle a enchaîné les examens médicaux et psychologiques.

«J’ai cru que j’allais embrasser le médecin !»

«Je suis même passée devant un comité de soutien des donneurs. S’il avait dit non, même si nous étions compatibles physiquement, ça aurait été non.»
Et ça a été oui ! «J’ai cru que j’allais embrasser le médecin !» raconte Erik qui s’est sans doute ravisé pour garder tous ses baisers pour Marielle. «Ce qu’elle a fait ? C’est un geste magnifique. Et je ne saurai peut-être jamais l’exprimer assez fort.»
Son héroïne, elle, considère ce don comme normal. «Parce que j’ai vu Érik malade, jour après jour, et que j’avais une solution.»
Elle l’a entendu perdre la voix. Elle l’a regardé se fatiguer, séance de dialyse après séance. Elle l’a vu tourner en rond alors qu’il adore son travail d’artisan peintre. Et elle avait la solution : deux reins. Elle pouvait en donner un.
Elle lui a offert. C’était vendredi, au centre hospitalier de Grenoble.

Pour eux, pour cette femme et cet homme amoureux et parfaitement compatibles, la Saint-Valentin, c’est désormais le 11 février.

 Le Dauphiné Libéré, 14/02/2011 – Thierry GUILLOT


 

Partagez

Plus de lecture

Répondre

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *