Actualités

Combien coûte une année de vie ?

Combien coûte une année de vie ?

Très à l’aise avec les considérations médico-économiques, les Britanniques l’ont évaluée à 50 000 euros.

Un seuil qui leur permet de déterminer s’il convient ou non de poursuivre le remboursement d’un traitement particulièrement coûteux, lorsque ce dernier atteint un coût annuel supérieur à cette somme, modulé par les Qali (Quality addjusted life year, ou année de vie ajustée par sa qualité). Si cette qualité de vie est diminuée, les 50 000 euros sont réduits d’autant. 

A cette équation cynique, qui tente certains pays au-delà du Royaume Uni, le Comité éthique et cancer de la Ligue contre le cancer répond au nom de la France par un “non” sans ambigüité. “Une année de vie n’est pas financièrement quantifiable” vient de déclarer le comité présidé par le Pr. Axel Kahn, président de l’Université Paris-Descartes. “La part des dépenses allouées à la santé relève avant tout d’un choix de société, d’un débat démocratique qui ne doit pas être biaisé par la défense d’intérêts particuliers et le corporatisme”, avance le comité.

Il s’agit clairement de “refuser la tendance britannique” et pour plusieurs raisons. D’une part, parce qu’il est “impossible d’indiquer que tel ou tel traitement ne sera pas remboursé parce que son bénéfice serait, dans un premier temps, trop faible” écrit le Comité. Ensuite parce que le Comité réfute toute tendance visant à quantifier la valeur d’une année de vie. “Cette approche favorise clairement le principe d’utilité pour la société au détriment du principe d’égalité et de soutien aux patients qui nécessitent le plus d’aide”.

En outre, qui peut prétendre établir ce qu’est une année de vie ajustée par sa qualité ? La qualité de vie déterminée par un médecin diffèrera souvent pour un même patient de la qualité de vie estimée par une infirmière ou par le patient lui-même, sachant que de surcroît ces différentes dimensions sont évolutives dans le temps pour un même individu.

Si les contraintes budgétaires devaient imposer à définir des choix parmi les priorités de santé, cela doit relever d’un débat démocratique engageant l’ensemble de la société, au premier rang desquels les patients et leurs proches. “Un tel débat, conclut le Comité éthique et cancer, témoignerait de la réalité d’une véritable démocratie sanitaire s’appuyant, à l’échelon individuel, sur une tout aussi véritable citoyenneté sanitaire.”

Dans le domaine de l’insuffisance rénale, les patients peuvent se féliciter que la France ne suive pas la voie de l’Angleterre… En effet, la qualité de vie mesurée en hémodialyse est à 60% de celle de la population générale. Ce qui signifie que la “méthode” britannique limiterait pour eux le coût annuel des soins à 60% de 50 000 €, soit à 30 000 €. Or, une année d’hémodialyse coûte en moyenne 80 000 €. Sans commentaire…

D’après Catherine Leborgne, Egora.fr

Partagez

Plus de lecture

Répondre

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *