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Plan greffe : le gouvernement veut favoriser la greffe de rein à partir de donneur vivant

Plan greffe : le gouvernement veut favoriser la greffe de rein à partir de donneur vivant

Sans tambour ni trompette, ni dossier de presse particulièrement étayé : c’est ainsi qu’ont été dévoilées vendredi 23 mars les principales orientations du nouveau plan greffe 2012-2016 par le secrétaire d’Etat à la Santé, Nora Berra.

Une relative discrétion regrettée par certaines associations de patients, dont Renaloo qui réunit des personnes souffrant de pathologies rénales. Cette dernière a notamment constaté que la présentation du nouveau plan faisait l’impasse sur les moyens supplémentaires qui seraient alloués à l’Agence de biomédecine pour atteindre les nouveaux buts qui lui sont fixés.

Taux de refus à diviser par deux, mais comment ?

Au-delà de cette réserve, on relèvera cependant que la présentation de Nora Berra ne fait pas l’économie d’objectifs chiffrés. Ainsi, concernant la première priorité de ce nouveau plan, l’augmentation du nombre de greffes d’organes à partir de donneurs décédés, le ministère de la Santé souhaite atteindre les 5 700 greffes à l’horizon 2015, soit une progression de 5 % par an.

Pour atteindre un tel niveau, le secrétaire de la Santé espère notamment une division par deux du taux de refus de prélèvement. Celui-ci plafonne aujourd’hui à 30 % sans que les multiples campagnes de sensibilisation de ces dernières années aient su faire évoluer cette tendance.

A l’occasion de la dernière journée de réflexion sur le don d’organe et la greffe, Nora Berra avait indiqué vouloir obtenir un taux de refus de 15 % “comme c’est actuellement le cas dans d’autres pays d’Europe”. Cependant, rien n’est indiqué sur les moyens qui seront mis en œuvre pour réussir cette évolution.

Des donneurs plus nombreux… et plus vieux

Autre levier pour faire progresser le nombre de greffes à partir de donneurs décédés : l’amélioration du recensement des donneurs potentiels. En la matière, ces dernières années ont déjà été marquées par une amélioration sensible. L’Agence de biomédecine constate en effet dans un communiqué publié ce 23 mars que “la tendance constatée en 2010 semble se confirmer pour 2011 avec une hausse de l’activité de greffe (+ 5 % avec 4 945 greffes d’organes versus 4 708 en 2010) et de prélèvement (+ 6,5 % avec 1 572 prélèvements d’organes en 2011 versus 1 476 en 2010)”.

Parmi les signes qui permettent de deviner un élargissement des critères d’éligibilité au don d’organe, l’âge plus élevé des donneurs qui est passé de 52,9 ans en 2010 à 53,6 ans. Ces améliorations positives ne permettent cependant nullement de satisfaire des besoins toujours croissants (16 000 personnes sont en attente de greffe) et à cet égard les 800 greffes supplémentaires qu’espère le gouvernement d’ici 2016 pourrait ne pas réussir à combler l’écart entre le nombre de personnes en attente et le nombre de greffes réalisées, en raison des indications à la greffe toujours en augmentation et du vieillissement de la population.

Greffe de rein à partir de donneur vivant : un engagement officiel nécessaire

Deuxième « objectif prioritaire » du plan greffe : « favoriser le développement des greffes de reins à partir de donneurs vivants ». Ainsi martelé, cet engagement ministériel marque quasiment un tournant en France, restée longtemps frileuse face aux greffes réalisées à partir de donneurs vivants.

La différence dans ce domaine entre un pays comme la France et les Etats-Unis ou la Norvège, où le donneur vivant est souvent privilégié a ainsi souvent été commentée.

Cette volonté du gouvernement est d’autant plus remarquable qu’elle intervient dans un contexte où après quelques années d’une réelle progression de la greffe de rein à partir de donneur vivant, cette évolution tend à s’essouffler.

Ainsi, selon les chiffres publiés vendredi par l’Agence de biomédecine, entre 2009 et 2010, le nombre de greffes de rein à partir de donneur vivant était passé de 223 à 283, soit une hausse jamais enregistrée jusqu’alors. En 2010, il était même apparu que la quasi-totalité de l’augmentation du nombre de greffes de reins par rapport à 2009 était liée à une part plus importante de donneurs vivants : 63 transplantations rénales supplémentaires avaient en effet été recensées, quand le nombre de greffes réalisées à partir de donneurs vivants augmentait de 60 unités.

Cette belle évolution ne s’est pas totalement confirmée en 2011. Le nombre de greffe à partir de donneur vivant est passé de 283 à 302.

Ainsi, sur les 84 transplantations rénales supplémentaires réalisées entre 2010 et 2011, seuls dix-neuf étaient liées à des donneurs vivants. Néanmoins, en dépit de cette performance moins marquée, la part de greffe de reins grâce à un donneur vivant continue à progresser étant passée de 7,5 % en 2008 à 10 % aujourd’hui. Pour aller plus loin, le gouvernement compte en partie sur le don d’organe croisé et l’élargissement du cercle des donneurs proches prévu par la loi de bioéthique adoptée l’été dernier.

Enfin, le quatrième objectif désigné comme prioritaire concerne l’amélioration du suivi à long terme des patients greffés et des donneurs vivants.

Là encore, la tendance a déjà été amorcée : en septembre dernier, l’Agence de biomédecine publiait les résultats d’une enquête menée auprès de donneurs vivants, révélant leur fierté et leur enthousiasme ainsi qu’auprès de greffés qui soulignait que les interrogations obsessionnelles sur le donneur sont relativement rares. Voir notre article sur cette enquête.

C’est l’Agence de biomédecine qui sera chargée de la mise en œuvre de ce plan.

D’après Aurélie Haroche, JIM du 26 mars 2012

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