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Santé publique : Une étude sur les traitements de suppléance rénale, pour comprendre les disparités entre les pays

Les variations dans le monde de l’incidence de l’insuffisance rénale chronique terminale et de sa prise en charge pourraient être expliquées, non seulement par des facteurs médicaux tels que le diabète et l’hypertension artérielle, mais également par des facteurs économiques ou liés à l’organisation des systèmes de soins. C’est pour confirmer cette hypothèse qu’EVEREST, une vaste étude internationale dont les résultats sont attendus en 2009, a été mise en place.

L’INCIDENCE des traitements de suppléance rénale (dialyse ou greffe rénale) varie considérablement d’un pays à l’autre dans le monde, y compris dans les pays développés à niveau économique comparable.

Elle est estimée à environ 100 cas par million d’habitants au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Australie et en Nouvelle-Zélande ; 200 cas par million d’habitants en Allemagne et en Grèce ; plus de 300 aux États-Unis et de 400 à Taïwan. Elle est de 137 par million d’habitants en France.

Ces différences sont-elles le reflet de l’insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) elle-même ou traduisent-elles une disparité des systèmes de soins en place ?

D’autres aspects de l’offre de soins en néphrologie peuvent également varier de façon importante, qu’il s’agisse du type de dialyse (péritonéale ou hémodialyse) ou de sa modalité (en centre ou à domicile). Et, tandis que les facteurs thérapeutiques jouent un rôle majeur dans la survie des patients, l’impact des facteurs non médicaux mérite aussi d’être examiné pour expliquer l’importante variation géographique dans la survie des patients.

C’est pour tenter de répondre à cette question qu’a été mise en place, en 2008, l’étude EVEREST (Explaining the Variation in RRT through Expert Opinion, Secondary data sources and Trends).

Y participent des néphrologues, des épidémiologistes et des économistes. L’objectif d’EVEREST est de déterminer dans quelle mesure les variations d’incidence des traitements de suppléance de l’IRCT, des modalités de traitement (dialyse péritonéale ou hémodialyse, en centre ou à domicile) et de la survie des patients sont liées à des facteurs économiques et organisationnels plutôt qu’à des facteurs médicaux. Dans un premier temps, des informations sur la mise en place, l’organisation et le financement des services de néphrologie ont été collectées dans tous les pays du monde qui possèdent un registre d’IRCT. Plus de 50 pays y ont participé.

Dans un deuxième temps, les données recueillies vont être étudiées en relation avec celles obtenues à partir des registres de l’IRCT (fréquence des traitements de suppléance, choix des modalités de traitement, survie des personnes dialysées ou greffées), puis interprétées.

L’étude EVEREST a été lancée en mai 2008, lors du congrès de l’ERA-EDTA. Le recueil des données a pris fin en novembre 2008 et les résultats sont attendus au cours de l’année 2009. Elle est officiellement soutenue par l’Association européenne rénale, l’Association européenne de dialyse et de transplantation (ERA-EDTA), ainsi que par la Société internationale de néphrologie (ISN).

Dr MATHILDE FERRY, le Quotidien du Médecin

D’après un entretien avec le Dr Bénédicte Stengel, INSERM U780, Paris.

Sources de recueil des données

1. Les registres des traitements de suppléance de l’IRT :

– incidence des traitements de suppléance de l’IRCT ;

– modalités de traitement ;

– survie des patients traités.

2. Les bases de données de l’OMS et de l’OCDE :

– facteurs macro-économiques des différents pays (richesse nationale, dépenses de santé) ;

– santé des populations (taux de mortalité, fréquence du diabète) ;

– ressources sanitaires.

3. L’opinion d’experts :

– un expert national en néphrologie est choisi dans chaque pays ;

– un questionnaire lui est soumis afin d’obtenir des informations sur l’évolution de la prise en charge de l’IRCT depuis vingt-cinq ans (nombre de centres de dialyse, répartition public/privé, modalités de remboursement de la dialyse, etc.). 

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