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Une greffe de tissus pancréatique de donneur vivant pour guérir le diabète

24 avril 2005, Le Monde

L’hebdomadaire britannique médical The Lancet a annoncé, mardi 19 avril, sur son site Internet, qu’un groupe de chercheurs japonais était parvenu à traiter une malade diabétique à partir d’une greffe de cellules pancréatiques prélevées chez un donneur vivant.

Cette première a été réussie par une équipe dirigée par le docteur Shinichi Matsumoto (hôpital universitaire de Kyoto).

Une première greffe des cellules pancréatiques spécialisées dans la production d’insuline, hormone responsable du contrôle des taux sanguins de glucose, avait été réalisée, avec succès, en 2000, à partir de prélèvements effectués post-mortem.

Plusieurs transplantations similaires avaient, depuis, été effectuées dans plusieurs pays, dont la France, le plus souvent avec de bons résultats thérapeutiques. Il y a peu, deux premières tentatives de transplantation de cellules pancréatiques prélevées sur des donneurs vivants avaient, sans succès, été pratiquées aux Etats-Unis.

Pour sa part, l’équipe médicale japonaise explique avoir effectué le prélèvement chez une femme âgée de 56 ans, qui est la mère de la malade greffée, âgée, quant à elle, de 27ans et souffrant depuis l’âge de 15ans d’une forme sévère de diabète apparue après une pancréatite.

Le 19 janvier, des chirurgiens ont procédé à la section, puis au prélèvement, de près de la moitié distale du pancréas de la mère de la malade. Ils ont pu, de la sorte, après purification, obtenir un peu plus de 400 000 groupes de cellules naturellement spécialisées dans la production d’insuline (cellules “bêta” des “îlots de Langerhans”).

Ces cellules ont été injectées dans l’organisme de la patiente via la veine porte qui conduit vers le foie le sang venu des organes digestifs abdominaux. Dans le même temps, un traitement immuno-suppresseur était administré.

Vingt-deux jours après cette greffe, la malade avait retrouvé des taux sanguins de sucre normaux, sans avoir recours à des injections d’insuline. Deux mois plus tard, ce résultat est confirmé, ce qui a conduit The Lancet à publier l’information. En pratique, tout semble donc s’être passé comme si le greffon cellulaire s’était physiologiquement substitué aux cellules pancréatiques déficientes. La donneuse est aujourd’hui en bonne santé.

TRÈS FAIBLE RECUL

En dépit de ce résultat encourageant, plusieurs spécialistes de diabétologie estiment qu’il convient d’être prudent. C’est notamment le cas des docteurs Stephanie A. Amiel et Mohamed Rela (King’s College Hospital, Londres), qui estiment, sur le site du Lancet, que le recours à des donneurs vivants n’est envisageable que dans les pays, comme le Japon, où “des considérations culturelles limitent sévèrement le recours aux donneurs décédés”.

“Dans les sociétés où la transplantation de greffons prélevés sur des morts est réalisable, le recours aux donneurs vivants, apparentés, semble difficile à justifier”, estiment-ils en soulignant, notamment, les effets secondaires pouvant apparaître chez les donneurs, à commencer par un diabète.

Il faut, d’autre part, compter avec le très faible recul dont dispose l’équipe japonaise, ainsi qu’avec les caractéristiques particulières du diabète de la malade (apparu après une inflammation du pancréas), différent du diabète de type1 qui touche entre 150 000 et 200 000 personnes en France.

Cette nouvelle perspective thérapeutique pourrait, toutefois, permettre, à l’avenir, de pallier la pénurie des prélèvements pouvant être effectués sur des personnes en état de mort cérébrale.

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