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Espoirs pour les futurs greffés : Les prélèvements à coeur arrêté pourraient permettre de limiter la pénurie

4 mai 2005, La Croix

L’an dernier, 11.450 patients étaient en attente de greffe. Seuls 3.945 ont finalement pu être greffés. (…) C’est dans le domaine des greffes rénales que les besoins sont les plus criants : l’offre actuelle ne couvre en effet que 28% de la liste d’attente. (…)
C’est pourquoi l’EFG s’apprête aujourd’hui à lancer une expérience pilote : le prélèvement à cœur arrêté. “Celui-ci a d’ores et déjà permis à de nombreuses équipes étrangères d’augmenter de 10 à 40% le nombre de greffons disponibles”, expose Carine Camby. Quelques équipes volontaires ont été sollicitées pour se lancer dès cette année dans l’expérimentation. Celle-ci devrait durer un an.

Il y a deux façons de mourir : par arrêt cardiaque ou par cessation d’activité du cerveau. Les donneurs d’organes actuels ne se recrutent que dans cette dernière catégorie. En effet, lorsque l’arrêt du cerveau survient en premier, le cœur continue de battre pendant quelques heures, ce qui permet aux organes de continuer à être irrigués. Dans l’hypothèse inverse, celle où le cœur s’arrête d’abord, les organes se détériorent rapidement.
(…)
Le premier obstacle sur lequel bute le prélèvement à cœur arrêté est donc celui de la qualité des organes ainsi obtenus (…). Mais depuis le début des années 2000, “de nombreux pays ont développé cette technique et ils obtiennent aujourd’hui de très bons résultats, explique le docteur Sophie Cohen. Ainsi, en matière de greffe de reins, on obtient aujourd’hui de meilleurs résultats avec un donneur jeune, prélevé à cœur arrêté, qu’avec un donneur plus âgé décédé en état de mort cérébrale.”

Le moyen de préserver la qualité de ces greffons, c’est d’assurer leur oxygénation et leur perfusion. Pour ce faire, on introduit dans l’organisme du donneur un cathéter que l’on monte jusqu’au niveau de l’organe et dans lequel on passe un liquide refroidissant. Moyennant quoi, la vitalité de l’organe est préservée durant quelques heures, le temps d’organiser le prélèvement.

A ce stade, un problème éthique se pose : pour pouvoir préserver l’organe, il faut agir très vite après l’arrêt cardiaque et l’échec des manœuvres de réanimation. Or, la loi oblige les équipes à recueillir le témoignage de la famille avant de prélever, pour être sûr de ne pas aller contre la volonté du défunt. Cette discussion avec les proches demande du temps. L’Établissement français des greffes a donc demandé l’avis de son comité d’éthique. Celui-ci a estimé qu’il était acceptable de “mettre en place les techniques destinées à la préservation des organes avant l’entretien avec la famille”.

En cas d’opposition des proches, la sonde sera naturellement retirée. Les questions techniques et éthiques ayant été réglées, reste maintenant, pour mettre en œuvre ce programme, à modifier la réglementation française. En effet, les décrets régissant l’activité de la greffe ne prévoient que les prélèvements sur donneurs en état de mort encéphalique. L’EFG et le ministère de la santé ont donc entrepris de compléter ces textes. Ensuite, l’expérience pourra démarrer.

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